Le dossier d’Ahmed Ouyahia bientôt devant la Cour suprême

L’ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia a comparu mardi devant le Procureur de la République près le tribunal de Sidi M’hamed à Alger. Selon un communiqué officiel, il a été auditionné dans des affaires de « dilapidation des deniers publics ». Un important dispositif sécuritaire a été déployé autour du tribunal de Sidi M’hamed, en présence d’une foule nombreuse de citoyens qui scandaient des slogans hostiles à l’ex-Premier ministre. La brigade des investigations de la Gendarmerie nationale avait procédé, la semaine dernière, à la remise de convocations avec PV à Ahmed Ouyahia et au ministre des Finances et ex-gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Loukal pour comparaitre devant le Procureur de la République près le tribunal de Sidi M’hamed.

Aux dernières nouvelles, le dossier d’Ahmed Ouyahia aurait été transmis à la Cour suprême, seule habilitée, selon le Code de procédure pénale, à instruire les dossiers concernant les infractions commises par des hautes personnalités de l’Etat durant l’exercice de leurs fonctions. Cette annonce mettra fin à la polémique inutile qui a été montée de toutes pièces par les défenseurs honteux de M. Ouyahia qui n’ont pas hésité à dénoncer sur les plateaux de télévision la violation de la procédure judiciaire dès qu’ils ont entendu parler de la convocation de M. Ouyahia par le Tribunal de Sidi M’Hamed.

Pour les observateurs, la poursuite d’une personnalité comme Ahmed Ouyahia, qui a été impliqué dans la politique algérienne durant les 25 dernières années et qui est connu pour être très proche de l’ancien patron du DRS dissous et du puissant homme d’affaires Issad Rebrab, est un signe qu’un véritable tournant historique est en train d’avoir lieu en Algérie. Toufik, Ouyahia, Rebrab sont trois noms qui symbolisent à eux trois ce que la vox populi algérienne appelle la mafia politico-financière : le bras politico-sécuritaire, le bras politico-administratif et le bras financier. Les deux derniers sont en voie de neutralisation. Il reste le premier. De graves soupçons pèsent sur lui et on s’attend à sa prochaine arrestation. Bien entendu, ces trois pouvoirs n’auraient pas agi comme ils l’ont fait sans la couverture et la complicité de Saïd Bouteflika. Les enquêtes actuelles se rapprochent de plus en plus de ce dernier. Mais contrairement à ce que cherchent à faire croire les médias à la solde de la mafia politico-financière, Saïd Bouteflika n’est pas plus impliqué ni plus dangereux que Toufik et ses complices politiques et financiers. Ces derniers étaient déjà infiltrés à tous les niveaux de l’Etat avant l’arrivée de Bouteflika au pouvoir. Pour garder le pouvoir, les Bouteflika ont été obligés de composer avec les représentants de la mafia politico-financière.

S. Nasri