Le drame des personnes souffrant de troubles psychiques graves
Le drame du petit Mohammed (7 ans) tué de plusieurs coups de couteau à El Hamiz (Alger) par un jeune homme, qui s’est avéré être un malade mental, devrait relancer le débat urgent sur la prise en charge des personnes souffrant de troubles psychiques graves. Un grand nombre parmi ces personnes qui constituent un danger pour elles-mêmes et pour autrui sont malheureusement abandonnées à elles-mêmes sans aucune prise en charge médico-psycho-sociale.
Les observateurs au fait de cette problématique médico-sociale mettent en avant aussi bien les déficits en matière de diagnostic que les carences relatives à la prise en charge médico-psycho-sociale des personnes atteintes de maladies mentales. Il y a quelques mois, le professeur Mohamed Tedjiza, chef du service Psychiatrie de l’hôpital Drid Hocine à Alger, avait choqué l’opinion publique en parlant de 300 000 malades mentaux qui errent dans les rues en Algérie. Bien entendu, tous ces malades ne constituent pas un danger pour la société mais le problème est en lui-même alarmant et devrait attirer l’attention des pouvoirs publics.
L’abandon d’un grand nombre de ces malades par leurs familles, le fait que dans la société algérienne, la maladie mentale continue d’être un tabou associé au paranormal et au monde des esprits, le délitement des solidarités traditionnelles et la montée de l’individualisme, la crise particulière du secteur de la santé mentale marqué notamment par l’exode des psychiatres algériens à l’étranger (sur les 10 000 médecins spécialistes algériens installés en France, on dénombre 4000 psychiatres) et par le faible intérêt du secteur privé, sont autant de facteurs qui devraient pousser l’Etat à redoubler d’efforts en vue de faire face à cette douloureuse problématique médico-sociale.