Le ministre de l’intérieur ordonne la dispersion des manifestations à Alger

Les forces de l’ordre sont intervenues aujourd’hui pour disperser à l’aide de jets d’eau et de gaz lacrymogène la manifestation de plusieurs centaines d’étudiants qui sont sortis pour exprimer leur refus du nouveau président par intérim, Abdelkader Bensalah. Selon des sources autorisées, c’est le nouveau ministre de l’Intérieur, Salaheddine Dahmoune, qui a ordonné à la police de disperser la manifestation des étudiants. Il semblerait que le gouvernement Bedoui, très contesté par la rue, se dirige désormais vers l’interdiction des manifestations dans la capitale pendant les jours de la semaine pour n’autoriser que les manifestations le vendredi.

Pour les observateurs, la décision prise par le ministre de l’Intérieur augure d’un tournant dangereux dans la crise. La répression ne règlera pas le problème posé par la poursuite de la contestation populaire des symboles de l’ancien régime après la démission du président Bouteflika. Au contraire, elle risque de radicaliser le mouvement populaire et pourrait dégénérer en affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre difficiles à contenir. La décision de disperser la manifestation des étudiants par la force constitue, selon les observateurs, une provocation inutile qui vise à altérer le caractère pacifique du mouvement populaire.

Les observateurs s’interrogent sur les responsabilités politiques derrière cette malencontreuse décision. Le commandement de l’ANP est-il au courant ? A-t-il donné son accord pour une telle décision ? Une chose est sûre, la décision de réprimer les manifestations survient en contradiction flagrante avec la dernière allocution du chef d’état-major de l’ANP qui a réaffirmé que le peuple algérien était souverain et que le dernier mot lui revient. La décision du premier ministre et du ministre de l’Intérieur, deux personnalités qui avaient servi l’ancien régime et dont les liens avec l’ « Etat profond » sont avérés, est-elle une provocation visant à mouiller l’ANP dans une politique répressive qu’elle a jusqu’ici rejetée ? La réponse sera connue dans les prochaines heures.

Mohamed Merabet