Le président Tebboune s’adonne au difficile exercice du bilan de quatre années à la tête de l’Etat

26.12.2023. En s’adressant à la Nation à travers les deux Assemblées réunies (APN, Conseil de la Nation), le président Tebboune s’est adonné à l’exercice difficile du bilan de quatre années de réformes politiques et économiques.

En soi le fait de s’adresser à la Nation à travers la réunion des deux chambres élues pour faire le bilan des actions menées durant l’année écoulée est un acquis indéniable et on espère que cela deviendra une tradition. Le président Tebboune a rappelé à cette occasion l’objectif qui consiste à « évaluer ensemble le bilan de réalisation des objectifs nobles pour lesquels notre vaillant peuple est sorti dans la rue en février 2019 afin de revendiquer le changement donnant, ainsi, des exemples en termes d’expression pacifique et civilisée de sa forte volonté de mettre fin à la crise grave qui a mis, à l’époque, les institutions de l’Etat à l’épreuve à cause de la dégradation de la gouvernance, de la propagation de la corruption et leurs séquelles désastreuses sur de la vie politique, ce qui a conduit à une crise de confiance profonde entre une autorité absente et des citoyens déçus« .

Le Président Tebboune n’a pas omis de rappeler également l’impasse politique et la détérioration des conditions socioéconomiques, lesquelles constituaient des facteurs « qui ont failli effacer les constantes de notre nation en ouvrant la voie aux parties ciblant notre nation et notre unité pour lui infliger ce qu’elles n’ont pas pu faire pendant des années », saluant à ce propos « l’élan national béni et la cohésion du peuple algérien autour de l’Armée nationale populaire », ce qui a permis de déjouer, a-t-il dit, « les plans des conspirateurs et a redonné espoir de créer une nouvelle République fière de son passé, aspirant à un avenir meilleur« .

Si les conditions dans lesquelles le président Tebboune a pris ses responsabilités étaient particulièrement difficiles et si personne ne peut nier les acquis enregistrés durant les quatre dernières années surtout dans le domaine économique, force est de constater que le bilan dressé par le président de la république manque cruellement d’une dimension autocritique mis à part quelques références au sabotage attribué à la Issaba ou au comportement indélicat de quelques bureaucrates isolés. Sue le plan politique, la restauration de l’autorité de l’Etat, pourtant nécessaire, s’est accompagnée d’une dégradation regrettable du climat des libertés qui a été pointée du doigt récemment par la rapporteure spéciale des Nations Unies. Sur le plan économique, les rapports de l’Etat au secteur privé continuent de souffrir des pratiques héritées de l’ancien régime marquées par la non transparence et le clientélisme. C’est ainsi que les observateurs font remarquer que le nouveau syndicat patronal (le CREA de Kamel Moula) a tout simplement remplacé l’ex-FCE du sinistre Ali Haddad. Su le plan diplomatique, le malheureux épisode du BRICS et les difficultés rencontrées par l’Algérie dans son environnement proche (Libye, Sahel), sans parler de la marginalisation de notre pays dans le monde arabe, montrent hélas que l’Algérie a un besoin urgent d’imprimer à son action diplomatique un nouveau souffle.

Mohamed Merabet