Le scandale du Forum africain d’investissements et d’affaires

Le Forum africain d’investissements et d’affaires s’est achevé, ce lundi 5 décembre. Mis à part la signature d’un accord entre le groupe Sonelgaz et le groupe soudanais Salama pour la construction d’une centrale solaire au Soudan, le bilan est plutôt maigre sur le plan économique. En revanche, le Forum a été un véritable scandale politico-diplomatique qui ne peut que ternir l’image de l’Etat algérien. Dès le premier jour, le patron du FCE, Ali Haddad, n’a pas hésité à braver le protocole en se précipitant à la tribune pour prendre la parole juste après le premier ministre alors que ce sont les ministres des affaires étrangères et de l’industrie qui devaient normalement parler avant lui. En signe de mécontentement, le premier ministre et la délégation ministérielle qui l’accompagnait ont quitté la salle avant que Ali Haddad ne prenne la parole. La mini-crise entre le chef du gouvernement et le président du FCE ne s’est pas arrêtée là puisque la cérémonie de clôture prévue hier vers 13 heures à l’auditorium du Centre international des conférences près du Club des pins a connu un autre développement. Le ministère des Affaires étrangères n’a pas hésité à organiser sa propre conférence avec des investisseurs africains, modérée par le porte-parole Abdelaziz Benali-Cherif même si ce dernier a essayé de minimiser l’incident  du premier jour : « Il n’y a aucun problème. Essayez de positiver ».

De son côté, dans l’auditorium, le président du FCE a tenté une petite autocritique. « Quand on commet des erreurs, il faut le dire et apprendre. Il faut les corriger et les assumer. Il n’y a que Dieu qui ne fait pas d’erreurs » mais il s’est vite rattrapé en mettant tout sur le dos sur l’animatrice désignée par le ministère des Affaires étrangères qui aurait, selon lui, omis d’annoncer le retrait du premier ministre après son allocution. « Ce forum est une réussite. Il faut applaudir très fort le gouvernement qui nous a soutenus dans son organisation », affirme Ali Haddad avant de s’adonner au sport favori de tous les arrivistes qui polluent le système algérien, la chita à l’endroit du président Bouteflika. « Ce forum a eu le privilège d’être placé sous le haut patronage du président de la République. Et cette infrastructure (le CIC) a été réalisée grâce au grand Moudjahid, le président Bouteflika », avant de demander aux présents de se lever pour applaudir. « Levez-vous ! Levez-vous ! Levez-vous ».

Après la chita, Ali Haddad s’est permis de donner la parole à un énergumène qui n’aurait jamais du être invité, Constant Nemale, le patron d’Africa24, un média connu pour sa proximité avec des cercles hostiles à l’Algérie. Ce dernier s’est permis de donner des leçons aux journalistes algériens et de critiquer l’animatrice désignée par le ministère des affaires étrangères. Pour les observateurs, le scandale qu’aura constitué ce premier Forum africain d’investissements n’est pas étonnant venant de la part d’arrivistes voraces qui ignorent jusqu’aux règles élémentaires du protocole pour ne pas parler du sens de l’Etat. Pour ces observateurs, Ali Haddad ne se serait jamais permis un tel comportement s’il n’était pas assuré du soutien de ses parrains à la présidence de la république. Cependant, malgré ses appuis, Ali Haddad serait, cette fois-ci, allé trop loin. Ses protecteurs risquent de le lâcher en chemin s’ils ne veulent pas entrer en crise ouverte avec le gouvernement.