Le siège de l’état-major de l’ANP baptisé du nom de Gaïd Salah

En décidant de baptiser le siège de l’état-major de l’ANP du nom de feu le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, le président de la république et le commandement de l’armée ont-ils simplement fait un geste protocolaire qui n’a aucun sens politique ou au contraire ont-ils cherché à passer un message politique à tous ceux qui les accusent de chercher à se débarrasser de l’héritage de l’ancien chef incontesté de l’armée algérienne ? En effet, pour certains observateurs, cette « canonisation » du défunt Ahmed Gaïd Salah ne serait qu’une diversion pour cacher le fait que l’actuel pouvoir est en train de s’émanciper progressivement de la politique de l’ancien chef de l’armée qui apparaît aux yeux des décideurs actuels comme étant trop raide et ce, pour ouvrir une nouvelle page marquée par un dialogue apaisé avec toutes les forces de l’opposition et les figures les plus populaires du Hirak.

Mais pour d’autres observateurs, la question la plus importante est que si les dirigeants actuels n’osent pas afficher leur distance avec l’ancien chef de l’armée, c’est qu’ils sont toujours persuadés de sa popularité au sein de larges secteurs de l’opinion populaire. C’est ce qui expliquerait pourquoi ces dirigeants continuent malgré tout à se revendiquer de l’héritage de Gaïd Salah même si certains gestes et décisions politiques contredisent ces allégations.

L’avenir proche nous renseignera plus sur les tendances du nouveau pouvoir algérien et sur les contours de la « nouvelle Algérie » annoncée régulièrement depuis quelques mois. En tout état de cause, il sera difficile au pouvoir de continuer à se revendiquer de l’héritage de Gaïd Salah tout en se compromettant avec les Tabou et consorts qui n’hésitaient pas à proférer les pires insultes à l’encontre de l’ancien chef de l’armée algérienne.

Mohamed Merabet