Législatives de 2017 : Le MSP partagé entre participation et boycott

Le MSP n’a toujours pas décidé s’il participera ou non aux prochaines élections législatives du printemps 2017. Le parti islamiste prendra sa décision finale à ce sujet en décembre prochain à l’occasion de la tenue de son Majdliss Echourra. Dans son discours à l’ouverture de l’université d’été du parti qui s’est ouverte ce mercredi à Zeralda, son président, Abderazak Makri, a laissé la porte ouverte à toutes les éventualités. Après avoir brossé un tableau noir de la situation politique prévalant dans le pays, marquée selon lui par « la déception enregistrée dans le domaine des libertés, la fermeture adoptée des perspectives politiques, la perturbation du système électoral, la domination et la volonté affichées pour la fabrication d’une nouvelle carte politique qui consacre le totalitarisme et offre l’occasion pour concrétiser les lois imposées dans tous les domaines », Abderazak Makri a néanmoins tempéré son propos en déclarant : « Malgré ça, on continue à résister et on estime que les législatives offrent des marges de manœuvres politiques acceptables pour continuer à résister. »

Il semble que le MSP soit confronté à une pression de sa base allant dans le sens de la participation conformément à la tradition qui a toujours été celle de ce parti depuis sa création par feu Mahfoud Nahnah. C’est pourquoi A. Makri, qui est pourtant connu pour être un partisan d’une ligne oppositionnelle relativement dure, s’est cru obligé de déclarer : « Nous avons conscience que la responsabilité est grande pour prendre une décision concernant les élections : précipiter le boycott, c’est couper l’espoir au peuple qu’on doit servir comme cela se fait au Maroc, en Tunisie et en Turquie, avec comme conséquence le découragement qu’il sera difficile de réparer ».

C’est ce qui explique que le MSP ait commencé à prendre des distances avec les partis dits « démocratiques » qui participent à ses côtés dans la coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD) dont certains agitent l’idée du boycott pour faire chanter le pouvoir et s’assurer quelques quotas comme d’habitude. Le MSP qui sait que même en réussissant à arracher plus d’une cinquantaine de sièges parlementaires, il ne pourra pas concurrencer sérieusement la machine électorale du FLN. En effet, le MSP ne pourra que pâtir de la dispersion des voix islamistes entre les différents partis de cette mouvance idéologique. C’est la raison qui explique, selon les observateurs, le fait que le MSP ait commencé à agiter l’idée d’un « gouvernement d’union nationale » au lendemain des élections législatives. Parallèlement à cela,  le MSP invite l’opposition à sortir de « l’élitisme » et des « salles » et à aller vers la société et à éviter les divisions et les attaques mutuelles si elle veut réellement peser sur le cours des prochaines élections.