Les anciens sites nucléaires au centre des pourparlers militaires algéro-français
La récente visite effectuée par le chef d’état-major des armées françaises, le général d’armée François Lecointre, à Alger, est en soi un évènement, eu égard aux divergences qui existent entre les deux pays sur un certain nombre de dossiers diplomatiques et sécuritaires sensibles (Mali, Sahara occidental). « L’Algérie considère que la stabilité et la sécurité de son voisinage sont directement liées à sa sécurité. Pour cela, d’énormes efforts sont consentis par mon pays à travers l’adaptation des dispositifs militaires tout au long des frontières, en vue de concrétiser la stabilité dans les pays de l’espace méditerranéen« , a affirmé à cette occasion le chef d’état-major de l’ANP, le général de Corps d’Armée Saïd Chanegriha. « A cet effet, consciente de l’ampleur du danger que représente le terrorisme sur la paix et la stabilité régionales, l’Algérie n’a pas lésiné sur les initiatives et le soutien en direction de ses voisins pour coordonner les efforts sur la base d’une vision commune, à travers le mécanisme du Comité d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC) », a-t-il ajouté.
Mais la question qui a le plus retenu l’attention des observateurs est celle relative la réhabilitation des deux anciens sites d’essais nucléaires français, à Reggane et In-Ikker. Le chef d’état-major de l’armée algérienne a été clair à ce sujet en s’adressant à son homologue français : « Je tiens à évoquer la problématique des négociations, au sein du Groupe algéro-français, au sujet des anciens sites d’essais nucléaires et des autres essais au Sahara algérien, où nous attendons votre soutien, lors de la 17ème session du groupe mixte algéro-français, prévue en mai 2021, pour la prise en charge définitive des opérations de réhabilitation des sites de Reggane et In Ekker, ainsi que votre assistance pour nous fournir les cartes topographiques permettant la localisation des zones d’enfouissement, non découvertes à ce jour, des déchets contaminés, radioactifs ou chimiques« .
Les observateurs considèrent en effet la question de la réhabilitation des anciens sites nucléaires de Reggane et In Ikker comme un véritable test permettant de mesurer la bonne volonté des dirigeants français en vue de surmonter les facteurs de méfiance qui empêchent que les relations entre les deux pays atteignent le niveau qui devrait être le leur. Les militaires français et algériens réussiront-ils là où les politiques semblent impuissants à contrecarrer les lobbies qui parasitent les relations entre les deux pays à chaque fois qu’une initiative permet d’entretenir un nouvel espoir ?
Mohamed Merabet