Les partis d’opposition rejettent l’invitation de Bensalah

La « conférence consultative » à laquelle le président de l’Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, a invité les responsables de plusieurs partis et associations et qui devait avoir lieu ce lundi, risque d’être sans objet. Et pour cause, la plupart des responsables concernés ont refusé de donner suite à l’invitation. Le président du MSP, Abderrazak Makri, a été le premier à exprimer publiquement son refus d’assister à ce qu’il a appelé « une agression contre la volonté populaire« . Le président du parti « Talai El Houriet » et ancien premier ministre, Ali Benflis, a également refusé l’invitation. Les responsables du « Front de la construction »,  du Front de la justice et du développement et du Front national algérien ont fait de même. Dernier parti à réagir à l’invitation de Bensalah qu’il a reçu en retard, Le RCD a déclaré qu’il ne participerait pas à la réunion. Même le parti TAJ de Amar Ghoul qui n’a pas cessé de soutenir jusqu’à la dernière minute le président Bouteflika a répondu par la négative à l’invitation du président de l’Etat. L’ancien ministre des affaires étrangères, Ahmed Taleb Ibrahimi, aurait également refusé de donner suite à l’invitation de Abdelkader Bensalah. L’ancien premier ministre, Ahmed Benbitour, a déclaré n’avoir pas reçu l’invitation mais qu’il la refuserait au cas où il en serait destinataire.

Pour les observateurs, ces refus successifs attestent de la vigueur du mouvement populaire dans la mesure où les responsables des partis politiques d’opposition ne peuvent se permettre de tourner le dos aux exigences du mouvement sans risquer de se condamner définitivement. Ces mêmes observateurs ont noté que le président du Front El Mostakbal, Abdelaziz Belaid, a perdu ces derniers jours beaucoup de crédit au sein du mouvement populaire en acceptant de rencontrer Abdelkader Bensalah, une personnalité, dont le peuple continue de réclamer le départ au même titre que toutes les personnalités compromises avec le régime de Bouteflika.

Les observateurs s’interrogent sur la suite des évènements. La « conférence consultative » n’aura sans doute pas lieu, ou bien elle aura lieu en présence de quelques personnalités inconnues du public, et cela ne fera qu’aggraver le déficit de légitimité du président de l’Etat par intérim. Les observateurs ne voient pas comment il serait possible au pouvoir d’organiser dans ces conditions les élections présidentielles prévues pour le 4 juillet prochain, dès lors qu’elles risquent d’être boudées par l’ensemble des partis d’opposition. L’ANP qui constitue à l’heure actuelle avec l’Administration algérienne, un des principaux dépositaires du pouvoir réel, devrait en tirer la conclusion qui s’impose, à savoir répondre à la volonté populaire en privilégiant l’esprit des articles 7 et 8 de la Constitution.

Mustapha Senhadji