Les partisans de la période transitoire misent sur la « société civile »

Une quarantaine d’organisations syndicales autonomes et d’associations s’apprêtent à réunir une « conférence nationale de la société civile » en vue de présenter une « feuille de route » permettant au pays de sortir de la crise politique qu’il traverse actuellement. Les organisateurs de cette conférence nationale attendent quelques 500 délégués. Parmi les organisations et associations, il y a notamment le syndicat national autonome de l’enseignement secondaire et technique (SNAPEST) ainsi que des associations qui activent dans le domaine social et des droits de l’Homme. Selon les premiers éléments rendus publics, cette conférence nationale s’apprête à adopter une plateforme qui sera présentée au pouvoir et à la classe politique. La plateforme en question devrait se prononcer en faveur d’une « période transitoire » en vue de préparer les conditions politiques de l’instauration d’une nouvelle république. Les partis et personnalités ayant participé au régime défunt ne seront pas conviés à participer à cette « période transitoire » selon le dirigeant du SNAPEST. Par ailleurs, les organisateurs déclarent ouvertement que leur « feuille de route » ne sera pas prisonnière de la Constitution actuelle qui est selon eux dépassée.

Selon les observateurs, ce projet de « conférence nationale de la société civile » n’est qu’un nouveau subterfuge avancé par les partisans de la « période transitoire » qui refusent l’option des élections présidentielles par crainte des résultats du suffrage populaire. Pour rappel, depuis une semaine, huit partis d’opposition d’obédience nationaliste et islamiste ont montré, à l’issue de leur réunion, des signes d’inflexion politique puisqu’ils n’agitent plus dorénavant la revendication de la « période transitoire » mais se contentent de réclamer le départ des personnalités de l’ancien système et l’installation d’une commission nationale indépendante et souveraine pour l’organisation et la surveillance des élections présidentielles. Désormais, seuls les berbéristes, les ex-pagsistes du MDS et les trotskystes continuent à s’accrocher à l’idée d’une « période transitoire ».

Pour cacher leur isolement politique, les partisans de la « période transitoire » qui se savent minoritaires n’ont pas d’autre choix que de miser sur la soi-disant « société civile ». Si certains syndicats autonomes peuvent se targuer de mobiliser quelques milliers de travailleurs et si ces courants minoritaires ont une certaine implantation dans les universités de la capitale et de quelques wilayas limitrophes, la plupart des associations signataires sont en réalité des coquilles vides qui ne représentent qu’elles-mêmes. Ce n’est pas une « conférence nationale » de 500 personnes qui va changer la donne politique dont tout indique qu’elle se dirige vers l’organisation des élections présidentielles avant la fin de l’année sous la supervision d’une commission nationale indépendante qui sera formée à l’issue d’un processus de dialogue politique sérieux auquel devraient l’ensemble des forces vives du pays sans exclusive.

Mohamed Merabet