Libye : Le report des élections risque d’ajourner le règlement de la crise

Le règlement de la crise libyenne, devant intervenir au terme de l’élection présidentielle devra attendre, après la décision de reporter le scrutin au vu de l' »impossibilité » de sa tenue à cette date. « La tenue de l’élection présidentielle à la date prévue par le Forum de dialogue politique libyen(FDPL) est impossible, compte tenu des rapports techniques, judiciaires et sécuritaires », a déclaré, mercredi, la Commission parlementaire chargée du suivi des élections. En termes clairs, selon la Haute commission électorale libyenne (HNEC), le processus électoral devant permettre la tenue de ces élections n’est pas encore fin prêt, en raison notamment de l’absence de lois censées trancher l’examen des recours et appels des candidats. « La phase des recours et appels a constitué un tournant dangereux pour le processus électoral. Elle a en fait été le point où se sont arrêtés tous les efforts visant à faire aboutir cette échéance historique pour des considérations hors du contrôle de ceux qui sont en charge du processus », a expliqué l’Autorité électorale que dirige Imad Al-Sayah, espérant que « le Parlement se chargera d’adopter les mesures nécessaires afin de lever les entraves ». L’absence d’une base juridique en mesure d’encadrer l’élection a été à l’origine de la non publication des listes des candidats éligibles à la présidentielle, a, en outre, expliqué la HNEC.

Le désormais ex-envoyé spécial de l’ONU et chef de la Mission des Nations unies pour la Libye (Manul), Jan Kubis, avait mis en garde les parties libyennes à maintes reprises concernant ce point, leur rappelant à chaque fois qu’elles étaient « responsables » de tout retard relatif à la tenue des élections.La démission de M. Kubis a eu pour motif, « le manque d’entente entre les Libyens concernant cette base juridique », selon les observateurs. La HNEC a proposé mercredi de reporter d’un mois l’élection présidentielle, soit pour le 24 janvier. « Après concertation avec le Parlement, la Haute commission électorale propose le report du premier tour de l’élection (présidentielle) au 24 janvier 2022. Le Parlement se chargera d’adopter les mesures nécessaires afin de lever les entraves au processus électoral », a-t-elle annoncé dans un communiqué. Le report des élections peut constituer un « échec », aussi bien pour les Libyens que pour la communauté internationale qui a misé tant sur le respect de ce rendez-vous électoral pour mettre un terme à la crise en Libye.

Toutes les démarches entreprises jusqu’ici par la communauté internationale ont insisté sur la tenue des élections générales (présidentielle et législatives) à la date arrêtée initialement par le FDPL, affirmant que le salut viendra par la voie des urnes. Ce report est synonyme d’ajournement de beaucoup de chantiers devant être menés à terme par le président élu, à savoir le retrait des mercenaires étrangers, la réconciliation nationale, la réunification de l’institution militaire et le désarment des milices.La présence de mercenaires en Libye est un danger pour la stabilité de toute la région, ne cesse de le répéter l’ONU et les pays amis de la Libye.    Pour la cheffe de la diplomatie libyenne, Nadjla Al-Mangouch, « les Libyens ne connaîtront jamais la paix en présence de ces mercenaires »De son côté, le Comité militaire mixte libyen (5+5) en charge des quesions sécuritaires a déclaré récemment que la réunification de l’institution militaire demeurait un vœu « pieux » tant que l’évacuation des mercenaires n’était pas là. Aboutissement d’un processus politique inter-libyen laborieux parrainé par l’ONU, les élections en Libye sont censées tourner la page d’une décennie de violences. Pour ce double scrutin, plus de 2,83 millions de Libyens, sur environ 7 millions d’habitants, se sont inscrits sur la plateforme en ligne de la Commission électorale (APS)