L’Union européenne prépare de nouvelles sanctions contre le Mali

Réunis à Brest (France) les ministres européens de la défense ont mis sur la table des sanctions « contre la junte malienne ». Le commissaire européen aux affaires étrangères et à la sécurité, l’Espagnol  Josep Borell, n’a pas hésité à tenir un discours très ferme en prétextant que l’Europe a donné assez de temps à la junte malienne et qu’il était de temps de passer à autre chose Les sanctions prendront notamment la forme d’une suspension de l’aide budgétaire accordée jusqu’ici aux autorités maliennes. Cependant, l’Union européenne souhaite ainsi poursuivre ses missions militaires de formation au Mali, “mais cela ne doit pas être à n’importe quel prix”, a déclaré le chef de la diplomatie européenne,

Dans ce contexte, les Européens ont déclaré qu’ils allaient prendre des sanctions à l’issue du Conseil informel. “Nous allons suivre de près la situation et prendre des mesures dans la même ligne” que les lourdes sanctions prises par les dirigeants ouest-africains réunis au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a commenté Josep Borell. Annoncées dimanche 9 janvier, ces sanctions sont en effet particulièrement fortes : “les frontières terrestres et aériennes entre la Cédéao et le Mali ont été fermées -sauf pour les produits de première nécessité, l’essence, les produits médicaux- et les avoirs financiers dans les Banques centrales et commerciales ont été gelés
 Précédemment, l’Union européenne avait déjà suspendu, en février dernier, les aides budgétaires aux autorités maliennes “face au refus de la junte militaire d’organiser des élections pour remettre le pouvoir aux civils” Fin décembre, 15 pays occidentaux ont également “condamné le déploiement de combattants du groupe Wagner au Mali et ont accusé Moscou de leur fournir un soutien matériel dans une déclaration

Parmi les pays européens, la France est la principale force engagée militairement au Mali, depuis neuf ans officiellement  « pour lutter contre les jihadistes”. Des opérations conjointes entre militaires français et maliens sont en cours dans les régions de Gao et Menaka, avec les forces spéciales européennes de Takuba”, avec un total de 2 500 soldats français prépositionnés dans le pays. Lors du sommet de Brest, la ministre des Armées Florence Parly a cependant rappelé que “cette coopération n’a de sens que si elle s’intègre dans un cadre plus global […] avec des réformes de fond notamment sur la gouvernance. Ce travail-là n’est possible qu’avec des autorités légitimes” . Une situation qui pourrait poser à terme la question du maintien de l’intervention française au Mali, selon de nombreux observateurs français qui estiment qu’un tel retrait pourrait être lourd de conséquences et signifierait “abandonner le terrain aux groupes terroristes qui retrouveraient rapidement une emprise territoriale”. Les médias français passent sous silence les véritables raisons stratégiques de la présence française dans la sous-région du Sahel.