Omar Aït Mokhtar, un ancien zélateur du régime algérien, passe avec armes et bagages au service du Makhzen

23.05.2023. Qui ne se souvient pas de monsieur Omar Aït Mokhtar, ce zélateur du régime algérien qui n’hésitait pas à vendre la candidature d’Abdelaziz Bouteflika pour un cinquième mandat avant que le peuple algérien ne dise son dernier mot dans le cadre du Hirak ? Comme d’autres avant lui, il a manifestement découvert par miracle les vertus de l’opposition et s’apprête même à briguer la présidence algérienne.

C’est Maghreb Intelligence, une feuille de chou qui passe pour être l’organe officieux des services de renseignements marocains, qui nous l’apprend. Omar Aït Mokhtar serait « Candidat auto déclaré à l’échéance présidentielle de 2024″. Son programme se résume en une seule phrase : « Il ne veut plus entendre parler de tensions avec le Maroc » « Si je suis élu président de l’Algérie en 2024, j’appellerai le roi Mohammed VI dans la foulée pour l’inviter à ou bien je me rendrais au Maroc », a déclaré Omar Aït Mokhtar « qui ne décolère pas contre les autorités de son pays qui ont choisi, selon lui, une incompréhensible escalade avec le pays voisin. »

A propos de la question du Sahara, l’ancien militant qui avait milité pour un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika appelle à laisser le règlement de cette question à l’ONU. « Pourquoi soutenir le Polisario au détriment du Maroc ? », se demande Omar Aït Mokhtar. Si la question du Sahara doit être délaissée par l’Algérie, en revanche, la question de la Kabylie mériterait selon Omar Aït Mokhtar un autre traitement. «Il faut un changement radical de la politique de l’Etat algérien envers la Kabylie et les militants kabyles qui ont des revendications légitimes » sans préciser lesquelles.

Certes, l’activiste Omar Aït Mokhtar a le droit d’avoir sa propre opinion sur les tensions inter-maghrébines et sur la question du Sahara occidental. Mais pour quelqu’un qui avait fait dans un passé récent du soutien au régime de Bouteflika un fonds de commerce, il est pour le moins étonnant de le voir changer de veste au point d’accuser son pays de l’escalade avec le Maroc voisin alors que tout indique que c’est ce pays qui s’entête à défier le droit international, à tenter de noyer l’Algérie avec la drogue et à appeler à son secours l’Etat colonialiste, raciste et expansionniste d’Israël au risque de pousser à une escalade militaire dangereuse pour la paix dans la région. Omar Aït Mokhtar a le droit de faire dans l’opposition et de militer pour la paix entre l’Algérie et le Maroc. Mais pourquoi le faire au détriment des intérêts de son propre pays ? Et pourquoi le faire au détriment de la cause d’un autre peuple chassé de sa terre et réduit à la condition de réfugié ? Omar Aït Mokhtar qui a été engagé par les hommes de Saïd Bouteflika et du général Tartag, dans le cadre de la préparation du cinquième mandat, s’est-il trouvé orphelin après la chute de ses mentors ? La nouvelle écurie de Tebboune-Djebbar l’a-t-elle ignoré au profit d’autres jokers ? Après s’être assuré les services de pseudo-journalistes installés en France comme Aboud Hichem et Abdou Semmar, le Makhzen semble s’intéresser désormais aux activistes de la diaspora algérienne. Un point commun entre tous ces agents « retournés » : ils ont tous été, à un moment ou un autre, au service de l’ex-DRS du général Toufik. Telles méthodes, tels résultats.

Mustapha Senhadji