Ouyahia défend l’oligarchie algérienne

Dans sa dernière sortie devant les militants de son parti (RND) de la wilaya d’Alger, Ahmed Ouyahia n’a pas hésité à s’en prendre indirectement au premier ministre Abdelmalek Sellal qu’il accuse de tenir un discours triomphaliste et « populiste » et qu’il a comparé au discours du président Chadli en 1986. Pour Ahmed Ouyahia, il est temps de dire la vérité au peuple au lieu de continuer de lui dire que tout va bien. Il a rappelé que l’Algérie a perdu 50% de ses revenus pétroliers et que ses réserves de change ne lui permettent pas de tenir plus de quatre années.

En conclusion, Ouyahia a appelé à un changement de cap économique en vue de créer la richesse. Pour ceux qui se posent la question du comment, Ouyahia ne s’est pas trop fatigué pour leur asséner sa réponse. Pour Ouyahia, il suffit de laisser les privés « travailler ». Sans la nommer, Ouyahia a critiqué le discours de Louisa Hnaoune qui ne rate aucune occasion pour s’attaquer à l’oligarchie algérienne coupable selon elle de pillage du patrimoine de la collectivité nationale sans contrepartie productive. Ouyahia n’a pas hésité à clamer « vive l’oligarchie » qu’il érige en facteur de développement. En revanche, Ouyahia s’est attaqué aux barons de l’import et du « conteneur » qui seraient selon lui les principaux responsables de l’immobilisme économique en Algérie. Pour ce de dernier point, Ouyahia a sans doute raison même si on peut légitimement s’interroger sur les raisons qui l’ont empêché d’agir contre ces lobbies quand il était à la tête de l’Exécutif.

Cependant, en ce qui concerne la défense de l’oligarchie et implicitement de Ali Haddad, Les observateurs se demandent s’il est du ressort d’un chef de parti qui est en plus directeur du cabinet de la présidence de la république de défendre un privé algérien dans une polémique qui l’oppose à une autre dirigeante de parti ? Ali Haddad n’est-il pas capable de se défendre lui-même ? Par ailleurs, les observateurs ne savant pas à quel titre, Ouyahia s’est-il attaqué au premier ministre, au titre de secrétaire général du RND ou au titre de directeur du cabinet de la présidence ? Le port de ces deux casquettes ne devient-il pas problématique pour un fonctionnement sain des institutions ? Par ailleurs et dans la mesure où Ouyahia visait directement Haddad dans son plaidoyer pour le privé national, les observateurs s’interrogent sur l’apport véritable de ce milliardaire au développement économique du pays surtout quand on sait les facilités et avantages qui lui sont accordés par les pouvoirs publics ?