Que va-t-il se passer après le référendum en Turquie ?

La question qui focalise l’attention des observateurs internationaux au lendemain du référendum turc est quelle sera la façon dont Erdoğan utilisera ses nouveaux pouvoirs et s’il optera pour une approche moins conflictuelle avec ceux qui ne partagent pas ses points de vue. La manière dont il choisit d’aborder les relations avec les pays européens sera également surveillée de près. Le changement constitutionnel devrait entrer en vigueur en 2019, mais certaines informations laissent entendre que la date pourrait être avancée. Alors que certains observateurs pensent que le président Erdogan va profiter de ce vote pour accentuer son emprise sur la vie politique et institutionnelle, d’autres suggèrent qu’il pourrait se montrer moins agressif après s’être assuré d’une nouvelle légitimité présidentielle. C’est la première fois dans l’histoire de la Turquie moderne que tant de pouvoir est conféré à une seule fonction et un seul homme. Erdoğan, au pouvoir depuis 2003 – d’abord comme Premier ministre puis comme président –, fait l’objet d’un culte parmi ses partisans à une échelle qui rivalise presque avec le fondateur mythique de la Turquie, Mustafa Kemal Atatürk indique le site Middle East Eye.

La question est désormais de savoir si le calendrier du passage à la présidence exécutive en 2019 sera respecté et qui exercera le pouvoir exécutif final jusqu’à ce moment-là, lorsque le poste de Premier ministre sera supprimé. À l’échelle internationale, c’est d’abord l’intervention de la Turquie dans le théâtre syrien qui fera l’objet d’une attention particulière de la part des puissances internationales et régionales impliquées dans ce conflit. Erdoğan pourra maintenant prendre des décisions de politique étrangère plus rapidement, sans les « obstacles juridiques auxquels il était confronté dans le système précédent. Les relations futures de la Turquie avec les États européens et l’Union européenne vont sans doute se ressentir de ce tournant politique. La campagne référendaire a été émaillée d’incidents diplomatiques entre les deux parties. Entre autres griefs reprochés à Erdogan, la position défendue par ce dernier en faveur des appels populaires pour la réintégration de la peine de mort, affirmant qu’il serait heureux d’organiser un référendum à ce sujet. D’ailleurs, Erdogan a même suggéré la tenue d’un référendum sur la question de savoir si la Turquie devrait continuer ses pourparlers d’adhésion avec l’UE.

Malgré toutes ces différends politiques, les observateurs ne s’attendent pas à une rupture pure et simple entre les partenaires étant donné les enjeux économiques, sécuritaires et diplomatiques en jeu. La Turquie a intérêt à ne pas aller trop loin dans sa crise avec ses partenaires européens qu’elle ne peut pas compter totalement sur son allié américain. Certes, le président Trump aurait téléphoné lundi au président Erdogan oour le féliciter après sa victoire au référendum mais cela ne dissout pas tous les différends entre les deux pays. Ankara voit d’un mauvais œil le soutien américain aux forces kurdes en Syrie qu’elle accuse de collusion avec le PKK en Turquie. La marge de manœuvre diplomatique de la Turquie s’avère étroite puisqu’on la voit mal troquer son appartenance à l’Otan contre une alliance incertaine avec la Russie.