Sergueï Lavrov soutient la feuille de route du président Bouteflika

La visite de Ramtane Lamamra à Moscou a semble-t-il atteint son objectif escompté, à savoir arracher un soutien de l’allié russe à la « feuille de route » du pouvoir algérien qui cherche à se succéder à lui-même grâce à des subterfuges que le mouvement populaire a rejeté sans appel. En marge de sa rencontre avec son homologue algérien, le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a tenu à dénoncer toute tentative d’ingérence étrangère en Algérie :« Je suis convaincu que le peuple algérien résoudra de lui-même ses problèmes », a déclaré M. Lavrov qui a appelé « tous les autres pays » à « respecter strictement le principe de non ingérence ».

Jusqu’ici la position exprimée par le chef de la diplomatie russe n’a rien de problématique. Mais M. Lavrov ne s’est pas contenté de dénoncer l’ingérence étrangère dans les affaires algériennes. Dans sa déclaration, il a été plus loin puisqu’il n’a pas hésité à exprimer son « soutien »  au « plan de sortie de crise du gouvernement algérien » à travers ce qu’il a appelé « le dialogue national basé sur la Constitution. » Cette sortie hasardeuse de M. Lavrov n’a pas manqué de surprendre les observateurs. Comment la Russie qui a bien fait de dénoncer l’ingérence étrangère dans les affaires de l’Algérie peut-elle se permettre une position qui ressemble fort à son tour à une ingérence dans les affaires algériennes ?

En effet, M. Lavrov ne pouvait pas ignorer que la « feuille de route » annoncée par le président Bouteflika est source de problème. Elle est anticonstituionnelle et elle a été par ailleurs rejetée massivement par les Algériens comme en témoignent les manifestations impresisonnantes du vendredi 15 mars dernier ? M. Lavrov a-t-il été trompé par les fausses assurances de M. Lamamra ? La diplomatie russe va-t-elle se ressaisir dans les prochains jours pour ne pas perdre son crédit dans un pays qui reste jusqu’à maintenant un de ses plus sûrs alliés dans la région ?

Mustapha Senhadji