Un nouvel appel pour l’application de l’article 88 ?

La polémique engendrée par la publication de la lettre adressée par le groupe des 19 au président Bouteflika pour lui demander audience est en train d’enfler donnant lieu à des échanges d’accusations acerbes. Des représentants de l’opposition comme Abdallah Djaballah n’ont pas hésité à accuser les signataires de la lettre d’opportunisme puisque selon eux, la plupart de signataires étaient parmi les fervents soutiens du 4e mandat et s’ils ont réagi ainsi aujourd’hui c’est uniquement pour tenter de reprendre leurs positons perdues. Le président du FCE, Ali Haddad, a demandé quant à lui aux signataires de bien profiter de leur retraite et d’écrire leurs mémoires au lieu de s’agiter inutilement.

D’autres observateurs ont avancé une autre lecture de cet évènement. Pour eux, les instigateurs de la lettre (en l’occurrence Khalida Toumi et Louisa Hanoune) ont cherché à insinuer le doute sur les capacités de gouvernance du président Bouteflika après qu’elles l’aient soutenu jusqu’à un passé récent pour remettre au goût du jour l’appel pour l’application de l’article 88 de la Constitution qui prévoit une élection présidentielle anticipée en cas d’empêchement ou de vacance de pouvoir pour des raisons de santé.

Pour ces observateurs, Khalida Toumi et Louisa Hanoune n’ont pas agi de leur propre chef mais sur commande. Les véritables instigateurs de la manœuvre seraient convaincus que le président Bouteflika n’est plus capable de résister à d’autres personnalités influentes autour de lui ou à d’autres centres de pouvoir qui seraient décidés à effectuer des changements à  la hussarde au sein du système, changements qui vont visiblement à l’encontre des intérêts de ceux qui s’agitent dans l’ombre et qui pour ce faire instrumentalisent Khalida Toumi et Louisa Hanoune. Qui sont ces hommes qui s’agitent dans l’ombre ? Il est facile d’y voir la main des officiers du DRS qui ont été écartés depuis deux ans et qui ont gardé des ramifications au sein des appareils de l’Etat et dans le monde des affaires mais ces observateurs n’écartent pas non plus l’action souterraine d’anciens généraux à la retraite qui continuent à avoir une certaine influence au sein de l’armée et parmi les officiers retraités comme Khaled Nezzar et Mohamed Touati. Cette agitation intérieure n’exclut pas bien entendu des interférences étrangères. A cet égard, certains observateurs n’hésitent pas à pointer du doigt le rôle sournois de la France qui s’inquiète visiblement des retombées des changements effectués sur ses intérêts en Algérie.