Yennayer, journée chômée et payée…dans la wilaya de Tizi Ouzou
Cette année, l’Etat algérien a décidé de s’impliquer officiellement dans les célébrations de Yennayer, une fête traditionnelle agraire, devenue subitement « nouvel an amazigh » par la grâce d’une manipulation politico-culturelle d’officines aux desseins inavoués mais qui ont trouvé une oreille attentive chez des milliers d’incultes en mal de racines civilisationnelles. Les ministères de la culture, de la jeunesse et des sports ainsi que le ministère de l’éducation nationale se sont particulièrement distingués dans le cadre de ces célébrations. Jamais les structures de l’Etat ne se sont impliquées de cette manière dans les célébrations des fêtes nationales et religieuses du peuple algérien. Même le nouvel an musulman n’a pas eu cette faveur de la part d’un Etat dont la Constitution affirme pourtant que l’Islam est religion d’Etat.
En Kabylie, les célébrations de Yennayer ont connu un faste particulier. A Tizi Ouzou, il y a eu carrément deux marches, l’une à l’initiative de la Direction de la culture, la seconde à l’initiative de la Direction de la Jeunesse et des sports. De son côté, le MAK a saisi cette occasion pour organiser une marche qui est partie du campus universitaire jusqu’au centre- ville, ce qui fait dire à certains observateurs que le gouvernement algérien a choisi cette année de récupérer cet évènement pour couper l’herbe sous les pieds des séparatistes du MAK. Mais bizarrement, alors qu’elles ont toléré la marche du MAK à Tizi Ouzou, les autorités ont empêché la marche de ce même mouvement à Bouira.
Mais ce qui a attiré le plus l’attention des observateurs, c’est le fait que dans la wilaya de Tizi Ouzou, les célébrations de Yennayer cette année ont fait pratiquement de cette journée une journée chômée et payée puisque les écoles et plusieurs structures publiques ont fermé les portes. Pour rappel, les partis implantés dans la région, à avoir le FFS et le RCD, ont réclamé que Yennayer soit officialisé comme une fête nationale donnant lieu à une journée chômée et payée. Le président du HCA a osé décrire l’évènement en affirmant qu’ « A travers Yennayer, les Algériens ont célébré leur amazighité ». L’Etat algérien se trouve devant un sérieux dilemme. Devant le fait accompli de la wilaya de Tizi Ouzou, soit il laisse faire au risque de donner l’impression que cette wilaya obéit désormais à ses propres lois, soit il décide d’officialiser Yennayer à l’échelle nationale pour sauver les apparences d’une fausse « unité nationale » imposée sous le chantage d’une minorité culturelle et idéologique connue pour son tribalisme pré-islamique et son complexe d’infériorité à l’égard de la langue et de la culture françaises.