Abdelkader Bensalah nouveau président par intérim

Le parlement algérien réuni avec ses deux chambres a déclaré officiellement, ce mardi, vacante la présidence de la république et a entériné la nomination du président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, en tant que chef d’Etat par intérim pour une période de 90 jours avant l’organisation d’une élection présidentielle, conformément à la procédure prévue par la Constitution algérienne. Cette option qui semble privilégier la lettre de la Constitution plutôt que son esprit n’aurait pas pu prévaloir, selon les observateurs,  sans l’aval du commandement de l’ANP. Ce dernier a donc opté pour un respect scrupuleux de la Constitution au risque de contrarier l’opinion publique algérienne qui s’est exprimée clairement contre ce choix lors des manifestations du vendredi dernier.

Certains observateurs s’interrogent sur les motifs qui expliquent l’entêtement du commandement de l’ANP à rester accroché à la lettre de la Constitution. Pour d’autres, le commandement de l’ANP sait ce qu’il fait et il ne prendra pas le risque d’aller contre la volonté populaire. Ce n’est pas un hasard si le chef de l’ANP a rappelé, lors de sa dernière sortie médiatique, les articles 7 et 8 de la Constitution qui insistent sur la souveraineté populaire. L’application des articles 7 et 8 de la Constitution demande la mise en oeuvre de procédures politiques imprévues et la recherche d’un consensus difficile à réunir dans un laps de temps aussi court, d’où la nécessité de passer d’abord par l’application de l’article 102. Les observateurs s’attendent à un autre scénario dans les prochains jours qui devrait dépasser l’application de l’article 102.  Le peuple va continuer sa mobilisation. Le président par intérim, Abdelkader Bensalah, va présenter sa démission.

Dans ce dernier cas de figure, qui n’a pas été prévu par la Constitution, le commandement de l’ANP, dépositaire de l’autorité de fait, sera obligé d’enclencher une nouvelle procédure politique dans le cadre de l’application des articles 7 et 8 de la Constitution. Les observateurs font remarquer que même si elle est conforme à la Constitution, l’option choisie comporte un inconvénient : elle risque d’être mal interprétée et exploitée par des parties malintentionnées qui veulent absolument casser la symbiose entre le peuple et l’ANP. D’où la nécessité de se conformer le plus rapidement possible à la volonté populaire pour couper l’herbe sous les pieds des aventuriers de la cinquième colonne qui multiplient ces derniers jours leurs provocations pour apparaître comme des « victimes » et faire oublier leur isolement pathétique au sein de la société algérienne.

Mohamed Merabet