Les berbéristes de plus en plus isolés au sein du hirak populaire

Pour le 19eme vendredi consécutif, les Algériens sont descendus dans la rue pour manifester leur détermination à lutter pour le changement malgré la forte chaleur enregistrée ces derniers jours. Si les manifestants continuent un peu partout d’exiger le départ des personnalités compromises dans la mauvaise gouvernance du régime de Bouteflika, il est à noter cependant un net recul du nombre des manifestants aussi bien dans la capitale que dans les autres wilayas du pays. Les conditions météorologiques ne sauraient à elles seules expliquer ce recul. Nous assistons en effet depuis quelques semaines à un double phénomène : un essoufflement compréhensible du mouvement surtout que ce dernier dure depuis quatre mois mais aussi une désaffection croissante de la part d’une partie des citoyens qui serait plutôt de nature politique. En effet, des citoyens de plus en plus nombreux estiment que le hirak populaire a enregistré des résultats qui dépassent tous les espoirs et qu’il est temps de se préparer convenablement à l’élection présidentielle pour se donner un président légitime. En effet, seul un président fort de la légitimité populaire sera capable de conduire les réformes politiques et économiques auxquelles aspirent les citoyens.

La diversité du hirak lors des manifestations de ce 19eme vendredi 28 juin a été perceptible aussi bien dans la capitale que dans les wilayas de l’intérieur du pays. A Alger, de la place du 1er mai à la place des martyrs, les manifestants ont continué de réclamer le départ des trois B (Bensalah, Bedoui, Bouchareb) mais tout en défendant l’option des élections présidentielles et en appelant à la fraternisation entre l’armée et le peuple. A la Grande poste, en revanche, un millier de manifestants composés essentiellement de berbéristes toutes tendances confondues (MAK, RCD,FFS) et leurs alliés politiques (Mouwatana, Barakat, MDS, PT, PST) ont tenté comme d’habitude de lancer leurs mots d’ordre provocateurs hostiles au commandement de l’ANP en brandissant le drapeau séparatiste berbère au mépris de la loi, ce qui a donné lieu à une intervention ferme des forces de l’ordre qui ont arrêté quelques provocateurs. Mais c’est dans les wilayas de l’intérieur que le hirak populaire apparaît clairement en décalage avec les orientations des minorités idéologiques que les médias algériens à la solde de la mafia politico-financière et leurs acolytes français mettent en avant. Dans l’ouest du pays et notamment à Chlef, Relizane, Saïda, les manifestants ont clairement soutenu le commandement de l’armée et exigé l’épuration de l’Etat algériens des « agents de la France ». Dans plusieurs wilayas de l’est du pays, comme à Jijel, Mila, , Msila, Khenchela, Tebessa, les manifestants ont également rejeté l’appel douteux pour une « période transitoire » et ont exigé l’organisation des élections présidentielles dans les plus brefs délais et ont scandé « El Djeich, Echaab, khaoua khaoua !« .

A l’exception de Tizi Ouzou, Bejaïa et Bouira où les séparatistes du MAK demeurent relativement forts, les observateurs notent que partout en Algérie, le peuple continue de manifester pour le changement mais dans le cadre du respect des constantes nationales telles qu’elles ont été réaffirmées dans la Déclaration du 1er novembre 1954. Les citoyens ont visiblement compris que l’action diligentée par la Justice et soutenue par l’armée contre la mafia politico-financière, à travers la poursuite de plusieurs dizaines de personnalités impliquées dans les opérations d’atteinte grave à l’économie nationale, constitue un véritable tournant dans la vie politique nationale. Les observateurs remarquent également qu’aussi bien dans les manifestations que sur les réseaux sociaux, les Algériens ne cachent plus leur méfiance à l’égard des forces minoritaires soutenues par la France qui font tout pour saboter l’élection présidentielle et éviter le suffrage populaire parce qu’elles savent qu’il leur sera fatal. Par ailleurs, le peuple algérien exprime de plus en plus sans complexe son soutien au commandement de l’armée algérienne dans laquelle il voit le véritable garant d’une transition démocratique et pacifique dans la stabilité, la sécurité et l’unité nationale. Cette mobilisation populaire sans précédent en faveur du changement dans le cadre de la stabilité des institutions de l’Etat national algérien a poussé plusieurs partis d’opposition de la mouvance nationaliste et islamiste à prendre leurs distances avec les tenants de la « période transitoire » pour soutenir désormais l’ouverture d’un dialogue politique inclusif en vue de la constitution d’une commission nationale indépendante pour l’organisation et la surveillance des élections présidentielles dans les plus brefs délais.

Mohamed Merabet