Les révélations d’un ancien colonel du DRS

Invité dans le cadre de l’émission Alhalaka Almafkouda (le maillon manquant) diffusée par la chaîne télévisée KBC, l’ancien officier du DRS à la retraite, le colonel Mohamed Tahar Abdesslam a fait de nouvelles révélations sur le coup d’Etat du 11 janvier 1992 et l’arrêt du processus électoral. Même s’il ne partage pas le discours politique du FIS qu’il accuse d’avoir fait le jeu de ses adversaires par sa violence verbale, le colonel Mohamed Tahar n’était pas d’accord avec l’arrêt du processus électoral.

Pour le colonel Mohamed Tahar, il n’y a aucun doute que le coup d’Etat du 11 janvier 1992 était en préparation depuis que le président Chadli avait commis l’erreur de nommer le général Khaled Nezzar à la tête du ministère de la défense nationale. Selon l’ancien colonel du DRS, l’argument servi par les acteurs du coup d’Etat, à savoir le sauvetage des institutions de la république contre les dérives du FIS, n’étaient qu’un prétexte agité par un lobby pro-français pour prendre le contrôle du pouvoir en Algérie. Vus sous cet angle, les dépassements commis par le FIS auraient été manipulés à dessein par ce lobby pour créer un climat de peur propice à l’intervention de l’armée.

Pour le colonel Mohamed Tahar, tout se tient quand on regarde avec recul le film des évènements. Dès la victoire du FIS aux élections communales de juin 1990, la machine militaire s’est emballée. Le général Mohamed Betchine qui a refusé de travailler sous les ordres du ministre de la défense nationale, le général Khaled Nezzar, a été poussé à la sortie par le directeur de cabinet à la présidence Larbi Belkheir. Une fois débarrassé du général Mohamed Betchine qui pouvait leur tenir tête, les amis du général Nezzar ont commencé à tisser la toile dans laquelle ils allaient piéger le président Chadli. Ils ont mis un homme à eux, le colonel Toufik (nommé à cette occasion général) à la tête de la nouvelle structure qu’ils avaient créée pour bien contrôler l’armée et la société, le DRS.

*** Né en 1935 à Sidi Okba (wilaya de Biskra) Mohamed Tahar Abdesslam a rejoint à 19 ans l’armée de libération nationale et a milité sous le commandement du chahid Badji Mokhtar. Envoyé au lendemain de l’indépendance pour une formation à l’institut d’études stratégiques du Caire. Opposé au coup d’Etat du 19 juin 1965 contre le président Ahmed Ben Bella, Hadj Mohamed Tahar ne rejoindra la Sécurité militaire algérienne qu’en 1968. Quand cette dernière sera dissoute et restructurée en deux entités : la sécurité de l’armée (SA) et la Direction générale de la prévention et de la sécurité (DGPS) en 1981, il rejoindra cette dernière structure et plus précisément sa branche dédiée à la sécurité extérieure où il s’occupera notamment des mouvements de libération nationale. Le colonel Mohamed Tahar avait été mis à la retraite quelques mois avant le coup d’Etat du 11 janvier 1992 (en compagnie de 9 autres officiers supérieurs du DRS issus de l’ALN) en raison de son refus de cesser de rencontrer Abassi Madani et Ahmed Ben Bella comme le lui demandaient ses supérieurs.