Où sont passés Ahmed Ouyahia et Amara Benyounes ?

Les manifestations populaires contre le cinquième mandat, qui ont eu lieu le vendredi 22 février dans plusieurs wilayas, ne pouvaient pas laisser indifférents les partis de la coalition présidentielle. Mais curieusement, dans les rangs des partis de cette la coalition seuls les dirigeants du FLN et de TAJ ont  publiquement réagi au lendemain de ces manifestations. Dans un meeting à Oran, le responsable de l’instance de coordination du FLN, Mouad Bouchareb, a tenu un discours démagogique en cherchant à discréditer les manifestations et n’a pas hésité à qualifier le président Bouteflika de nouveau « prophète » envoyé par Dieu pour sauver l’Algérie. Le président du parti TAJ, Amar Ghoul, a tenu un discours plus mesuré. Il a félicité les manifestants pour leur pacifisme et à tenté de récupérer  leur mouvement de protestation en affirmant qu’il était parmi les premiers à réclamer un « changement » et des « réformes ».

Mais curieusement, les deux autres partis de la coalition présidentielle, le RND et le MPA, n’ont jusqu’à présent pas réagi aux manifestations du 22 février. Le silence d’Ahmed Ouyahia et Amara Benyounes intrigue les observateurs qui suivent de près la scène politique algérienne ces derniers jours. Ahmed Ouyahia fut un des premiers responsables politiques à demander au président Bouteflika de se représenter pour un cinquième mandat. Maintenant que ce cinquième mandat semble être mis en cause par une partie de la population-avec le soutien discret de clans au sein du pouvoir- M. Ouyahia devrait normalement monter au créneau pour défendre son cher président. Mais voilà qu’il disparaît au moment où on a le plus besoin de lui. Idem pour Amara Benyounes.

Les observateurs s’interrogent sur la signification politique du silence d’Ahmed Ouyahia et de Amara Benyounes. Même s’ils ont longtemps servi le président Bouteflika, plus par opportunisme que par conviction, ces deux responsables politiques travaillent surtout pour eux-mêmes et sont plutôt liés à un clan au sein du pouvoir composé de hauts fonctionnaires civils et militaires d’origine kabyle. Ce clan a toujours joué double jeu avec un pied au sein du pouvoir et un pied dans l’opposition berbériste. Il n’est pas exclu que ce clan, qui voit le vent tourner, se réserve sa position en attendant de voir comment va réagir le commandement de l’armée. Il se peut aussi que ce clan change à la dernière heure de veste et décide de lâcher le président Bouteflika.

Mohamed Merabet