Quand l’APS se fait le porte-parole des manifestants berbéristes

Si c’était El Watan, Liberté ou Le Soir d’Algérie, on aurait trouvé normal que ces organes se fassent la caisse de résonance d’une manifestation animée par les courants berbéristes à Paris. Mais ce qui est curieux c’est que l’agence officielle Algérie presse service (APS) se prête au jeu et se fasse le porte-parole d’une manifestation soi-disant « démocratique » mais qui était en fait animée par des courants berbéristes hostiles à l’armée algérienne au vu des mots d’ordre scandés par les manifestants. Dans le reportage de l’APS, on peut lire :  » Une imposante marche des Algériens a été organisée dimanche à Paris pour revendiquer une transition démocratique en « rupture » avec l’ancien système et un changement « réel » en Algérie. C’est pour la première fois, depuis le 22 février, qu’une marche a été organisée à l’appel du mouvement associatif, dont notamment le collectif « Libérons l’Algérie ».

La suite du reportage est un éloge de la manifestation sans aucun esprit critique malgré le fait que les mots d’ordre scandés par les manifestants étaient clairement hostiles à l’action de la Justice algérienne contre la mafia politico-financière et au commandement de l’ANP. Le fait que certains manifestants aient entonné hypocritement Kassamen ne doit pas tromper : « Les manifestants, des centaines (plus d’un millier, alors que les organisateurs ont compté 3000), dont certains étaient drapés du drapeau national ou de l’emblème amazigh, ont scandé des slogans portant essentiellement sur le départ des symboles de l’ancien système. Entrecoupés par l’hymne national Qassamen, entonné en chœur par les manifestants et qui retentissait dans les rues de Paris, les slogans portaient sur une justice « réelle », la libération des détenus d’opinion, et une solution politique pour une Algérie démocratique. « Algérie, libre et démocratique », « Pacifique, Pacifique », « Armée, peuple sont des frères », « Libérez tous les manifestants arrêtés »

N’est-il pas curieux qu’une agence de presse gouvernementale se mette à faire la publicité gratuite pour des opposants connus pour leur régionalisme et leur proximité avec les cercles néocoloniaux et sionistes hostiles à l’Algérie ? Comment expliquer ce fait bizarre au moment où les services de sécurité et la Justice algérienne ont décidé de livrer une guerre sans merci à tous ceux qui cherchent à mettre en cause l’unité nationale ? Pour les observateurs, il ne s’agit pas d’une erreur isolée d’un journaliste en mal d’inspiration. Il s’agit d’une prise de position politique qui illustre clairement le fait que les minorités culturelles et idéologiques, qui se gargarisent de slogans « démocratiques » mais sont en fait hostiles à une véritable démocratisation qui passe nécessairement par le suffrage universel, continuent de bénéficier de positions importantes au sein des appareils de l’Etat à tous les niveaux et ce, malgré leur affaiblissement récent à la suite de la neutralisation de leurs sponsors politiques, sécuritaires et économiques. La lutte pour imposer le retour à la souveraineté populaire en Algérie passe par l’épuration des appareils de l’Etat et des médias de ces minorités qui n’hésitent pas à s’allier avec la France pour sauvegarder leurs positions et leurs privilèges.

Mustapha Senhadji