L’arrestation de Lakhdar Bouregaa crée la polémique

Le juge d’instruction près le tribunal de Bir Mourad Raïs (Alger) a ordonné, dimanche, le placement de Lakhder Bouregaa,en détention provisoire pour « démoralisation et outrage à corps constitué », a indiqué un communiqué du procureur de la République près le même tribunal. « En ce jour du 30 juin, le prévenu (Lakhder Bouregaa) a été présenté devant le procureur de la République près le tribunal de Bir Mourad Raïs », a indiqué la même source, précisant qu' »après avoir entendu le mis en cause, le procureur de la République a soumis le dossier de procédures au juge d’instruction pour répondre des chefs d’accusation de participation, en temps de paix, à une entreprise de démoralisation de l’armée ayant pour objet de nuire à la défense nationale et à un corps constitué, des faits mentionnés et passibles de sanctions, cités dans les articles 75, 144 bis et 146 du code pénal ».

Selon la même source, « l’enquête préliminaire diligentée par la police judiciaire relevant du service territorial d’instruction judiciaire de la ville d’Alger concernant des faits à caractère pénal reprochés au nommé Bouregaa. « Après avoir écouté le prévenu lors de la première comparution, le juge d’instruction a décidé son placement en détention provisoire ». Pour rappel, l’arrestation de Lakhdar Bouregaa fait suite à ses graves déclarations publiques à propos de l’armée nationale populaire qui ne serait pas selon lui l’héritière de l’Armée de libération nationale (ALN) mais seulement « une milice créée par le colonel Houari Boumediene en 1962 ». Ces déclarations font suite à d’autres tout aussi provocatrices qui visent directement le commandement de l’ANP.

Comme c’était prévisible, l’arrestation de Lakhdar Bouregaa a suscité un tollé médiatique dans le camp soi-disant « démocratique » composé essentiellement des courants berbéristes et de leurs alliés politiques hostiles à l’armée algérienne, qui n’ont pas hésité à parler d' »arrestation arbitraire » et d' »atteinte à la liberté d’expression. » Mais le plus curieux dans l’histoire est que le dirigeant des frères musulmans algériens, Abderrazak Makri, se soit cru obligé, à son tour, de dénoncer l’arrestation de Lakhdar Bouregaa. Pour les observateurs, le mouvement de sympathie dont a bénéficié Lakhdar Bouregaa au sein de la classe politique, toutes tendances confondues, n’est pas étonnant. En effet, Lakhdar Bouregaa fréquentait toutes les tables (des berbéristes aux islamistes en passant par les nationalistes arabes), ce qui est normal pour un ancien indicateur du général Toufik, confie un observateur qui connaît bien les coulisses de la politique algérienne.

Mustapha Senhadji