Une nouvelle campagne de déstabilisation visant l’Algérie sur internet

Comme chaque été, l’Algérie fait face à une campagne d’intoxication médiatique sur les réseaux sociaux visant à semer la peur et la panique dans les rangs de la population en tendant à accréditer l’idée d’une guerre de clans pouvant dégénérer jusqu’à mettre en danger la sécurité et la stabilité du pays. Des sites internet font circuler des informations sur une rivalité croissante entre Athmane Tartag, qui a été chargé par le président de la république de la coordination des services de sécurité, et le vice-ministre de la défense nationale, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd-Salah. Ce dernier est particulièrement visé par les campagnes de désinformation sur les réseaux sociaux. Il y a plus d’une semaine, le site français Mondafrique a fait circuler une information selon laquelle le vice-ministre de la défense A. Gaïd-Salah aurait demandé à la présidence de sévir contre le général à la retraite Khaled Nezzar à la moindre infraction par ce dernier à la loi sur l’obligation de réserve des officiers supérieurs à la retraite. Plus récemment, des sites ont repris une information sur une soi-disant guerre ouverte entre le chef d’état-major de l’ANP et le chef de la sûreté nationale, le général-major Abdelghani Hamel, donné pour favori dans une succession tout à fait imaginaire du président Bouteflika et sur de soi-disant différends entre les chefs de l’armée algérienne. Le fait qu’il a été remarqué dans la capitale une présence inhabituelle de membres de services de sécurité en civil a poussé des jeunes à croire qu’il y a quelque chose d’anormal qui se trame.

Après vérification auprès d’observateurs bien informés, nous sommes en mesure d’affirmer qu’il ne s’agit en fait que d’une présence tout à fait ordinaire dictée par la conjoncture d’été et par la détérioration de la situation sécuritaire en Libye où le risque de guerre peut conduire des milliers de djihadistes à se redéployer dans les pays voisins dont l’Algérie. C’est dans ce contexte propice à toutes les rumeurs que les services de sûreté de la wilaya d’Alger ont démenti l’information publiée mardi sur le réseau social Facebook faisant état d’une alerte à la bombe au niveau de la Grande poste à Alger. « Suite à la publication sur Facebook ce mardi 19 juillet 2016 à 14h05 d’une information faisant état d’une alerte à la bombe au niveau de la Grande poste à Alger et de son démantèlement vers 14h29, la cellule de communication et des relations publiques de la sûreté de la wilaya d’Alger précisent que cette information est infondée ». « Les forces de police de la sûreté de la wilaya d’Alger restent mobilisées 24h/24 pour préserver la sécurité et la tranquillité des citoyens et protéger leurs  biens », ajoute la même source qui appelle à la coopération de la population pour signaler les personnes ou les objets suspects.

Interrogé à ce sujet, Mohamed Tahar Bensaada, de l’Institut Frantz Fanon, a estimé que « les rivalités personnelles et claniques qui ont toujours existé dans le système algérien, comme dans la plupart des systèmes politiques de par le monde, ne sont pas plus grandes aujourd’hui qu’hier » avant d’ajouter : »Même si l’Algérie n’est pas un Etat de droit à la suisse et qu’elle continue de souffrir de tares avérées du système breaucratique rentier comme le clientélisme et le régionalisme, générateurs d’incompétence et de mal-gouvernance, cela ne signifie pas qu’on est dans la jungle dans la mesure où le système algérien obéit malgré tout à des règles et à des équilibres sociopolitiques complexes hérités de son histoire, ce qui permet d’expliquer sa durabilité malgré l’hostilité de puissants centres d’intérêts tant à l’intérieur qu’à l’extérieur et malgré l’agitation récurrente des minorités idéologiques autoproclamées « société civile » et leurs sponsors étrangers. » L’anlayste algérien a conclu : « Heureusement que dans les moments décisifs, l’opinion publique algérienne a toujours su faire la part des choses entre l’essentiel et l’accessoire. L’essentiel ce sont les choix politiques, économiques, sociaux, diplomatiques et militaires que l’Etat algérien est obligé de faire à la fois sous la pression des facteurs externes (choc pétrolier, interventionnisme des grandes puissances dans la région) et de la vigilance populaire pour la préservation des acquis sociaux et de l’indépendance du pays ».