15 ans de prison ferme contre l’ancien PDG de Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour

17.11.2022. Le pôle pénal et économique du tribunal de Sidi M’hamed (Alger) a condamné, mardi, l’ancien PDG de Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour, à une peine de 15 ans de prison ferme, assortie d’une amende d’un (1) million de dinars dans une affaire de corruption liée à l’acquisition de la raffinerie d’Augusta.

Dans la même affaire, son fils Nassim Ould Kaddour a été condamné à une peine de 10 ans de prison ferme, assortie d’une amende de trois (3) millions de dinars avec confirmation du mandat d’arrêt international émis à son encontre, alors que l’épouse d’Abdelmoumen Ould Kaddour, Anissa Ouabdessalam a écopé d’une peine de deux ans de prison ferme et d’une amende de deux (2) millions de dinars. Deux peines de 3 et 7 ans de prison ferme ont été prononcées contre deux autres accusés, alors qu’un autre accusé a été acquitté.

Pour rappel, Abdelmoumen Ould Kaddour n’est pas à son premier procès en Algérie. Sous le régime de Bouteflika il a été condamné par le tribunal militaire de Blida pour intelligence avec une partie étrangère au préjudice de la défense nationale alors qu’il était à la tête d’une compagnie algéro-américaine (Brown & Root-Condor) qui travaillait dans l’ingénierie. Après quelques années de prison, il a été relâché et remis en selle par le clan de Saïd Bouteflika qui l’a mis à la tête du groupe Sonatrach. Les Algériens ne savaient pas à l’époque à quel moment la Justice algérienne s’est trompée : quand elle a condamné Ould Kaddour ou quand elle l’a blanchi. C’est un peu la même question que les Algériens se posent à l’occasion du blanchiment du général Mehenna Djebbar et de sa nouvelle nomination à la tête de la Direction de la sécurité extérieure.

La condamnation d’Ould Kaddour pose deux questions essentielles. La première se rapporte à la corruption qui gangrène l’économie et la société algériennes et qui doit être combattue impitoyablement par l’Etat algérien surtout quand il s’agit des transactions internationales. La corruption qui touche l’international ne constitue pas seulement un danger pour le trésor public, elle peut aussi s’avérer un vecteur par lequel des parties étrangères s’infiltrent en Algérie en vue de porter atteinte à la souveraineté nationale. L’autre question se rapporte au fait que Ould Kaddour n’était pas seulement un cadre corrompu. Il n’aurait jamais atteint les sommets auxquels il est arrivé sans le coup de pouce de ses protecteurs au sein de l’appareil de l’ex-DRS. Son arrestation suivi de son jugement et de sa condamnation suscitent des questions : Ould Kaddour a-t-il été lâché par ses anciens protecteurs par ce qu’il a essayé de les doubler ? Ou bien ces derniers sont-ils en perte de vitesse ? Nous n’avons pas la réponse à ces questions mais une chose est sûre : la lutte contre la corruption doit rester une priorité de l’Etat algérien à condition qu’elle soit menée dans la transparence totale pour éviter qu’elle soit prisonnière des luttes de clans.

Mustapha Senhadji