L’armée tunisienne déjoue plusieurs attaques terroristes
Au moins 35 djihadistes ont été tués après des attaques simultanées près de la frontière avec la Libye. Dix membres des forces de l’ordre et sept civils ont également péri. Des djihadistes soupçonnés d’appartenir à l’organisation terroriste Etat islamique (EI) ont lancé des attaques simultanées, vers 5h15 ce lundi, contre des installations sécuritaires de Ben Guerdane, ville de 60 000 habitants au Sud-Est de la Tunisie, à quelques kilomètres de la frontière libyenne. Une caserne militaire, un poste de police et un poste de la garde nationale (gendarmerie) ont été visés. Selon une source tunisienne, parmi les terroristes tués, figurent deux anciens détenus qui avaient passé 7 ans dans la prison de Guantanamo avant d’être livrés aux autorités tunisiennes. Ces deux ex-détenus ont été amnistiés en 2011 au lendemain de la « révolution du jasmin » qui a fait tomber le régime de Ben Ali.
Le chef du gouvernement tunisien Habib Essid a convoqué lundi le ministre de la Défense nationale et le ministre de l’Intérieur pour une réunion urgente afin d’examiner l’évolution de la situation à Ben Guerdane. « Le chef du gouvernement a pris contact avec le président de la République et le président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) pour les informer de l’évolution de la situation et se concerter sur les mesures à prendre afin de mieux sécuriser les zones frontalières sud-est et de faire face efficacement à toutes les menaces qui pèsent sur le territoire et le citoyen tunisiens », selon la même source. Tous les accès à la ville de Ben Guerdane et à l’île de Djerba ont été fermés et les autorités tunisiennes ont interdit l’entrée aux deux régions, à la suite de l’attaque terroriste déjouée lundi, a rapporté l’agence de presse TAP. Le poste frontalier de Ras Jedir a été également fermé, selon la même source.
Les observateurs s’interrogent sur l’objectif recherché par les assaillants (une centaine). Comment avec un tel nombre, les terroristes pouvaient-ils espérer prendre le contrôle d’une ville-garnison de 60 000 habitants dans laquelle l’armée et la garde nationale sont présentes en force ? Les terroristes ont-ils compté sur la complicité de la population ? S’agit-il d’une opération de diversion pour détourner l’attention de l’armée tunisienne d’un autre objectif stratégique situé ailleurs ? Une chose est sûre: les attaques terroristes de Ben Guerdane risquent malheureusement de pousser un peu plus le gouvernement tunisien dans les bras des puissances occidentales pour lesquelles tous les prétextes sont bons pour intervenir dans la région. Hasard ou coïncidence, les attaques terroristes de Ben Guerdane ont eu lieu quelques jours seulement après que le gouvernement britannique eut annoncé l’envoi d’une vingtaine de militaires pour aider l’armée tunisienne à sécuriser la frontière avec la Libye.