Sellal souligne qu’il est insensé de vouloir exclure la RASD de l’UA
Le Premier ministre Abdelmalek Sellal a déclaré jeudi à Alger que la République arabe sahraouie démocratique (RASD) est un membre fondateur de l’Union africaine (UA) et que son départ de cette organisation ne peut être réclamé. Dans une déclaration à la presse en marge de la cérémonie de clôture de la session de printemps 2016 du Parlement, M. Sellal a affirmé que la demande de l’exclusion de la République sahraouie est « insensée » car « il ne faut pas oublier que la RASD est un membre fondateur de l’organisation panafricaine ». Si le Maroc souhaite adhérer à l’UA « sans condition », l’Algérie « n’y voit aucun problème, mais il y a des procédures à suivre », a-t-il ajouté. La réaction de A. Sellal survient après celles de Abdelkader Messahel et de Ramtane Lamamra qui avaient affirmé la même position sur le sujet en question.
Selon les observateurs, si les plus hauts responsables algériens ont tenu à réaffirmer la position algérienne sur une question aussi sensible c’est que le gouvernement algérien s’est senti floué par la récente visite à Alger de l’envoyé spécial du Roi du Maroc. La tentative marocaine d’amadouer l’Algérie apparaît comme une manœuvre diplomatique pour permettre au royaume marocain d’intégrer l’organisation panafricaine et œuvrer avec ses alliés à précipiter la suspension de la RASD sous prétexte de permettre à l’UA de jouer un rôle positif dans la recherche d’un règlement politique de la question sahraouie aux côtés de l’ONU. Le Maroc a visiblement été trop vite en besogne. Alors qu’il n’a pas encore entamé sa procédure officielle d’adhésion à l’organisation panafricaine, le royaume chérifien s’est permis de se lancer dans une campagne politico-médiatique visant l’exclusion de la RASD de l‘UA dont elle est membre fondateur. Le ministre marocain des affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, vient de déclarer dans une conférence de presse que « la sortie de la république sahraouie imaginaire de l’UA est une question de temps » en ajoutant que le Maroc se donne au maximum six mois pour régler ce problème.
La réponse de l’Algérie ne s’est pas fait attendre. Rappelant que le retrait du Maroc a eu lieu de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) et non de l’Union africaine, M. Sellal a souligné qu’il est question-là d’ « une nouvelle adhésion » à l’UA. Le Premier ministre a réaffirmé, dans ce sens, que l’Algérie n’a pas de problème avec le peuple marocain ou avec le Maroc en général. « S’il s’agit de rouvrir des dossiers inhérents aux domaines de coopération, nous sommes prêts » a-t-il déclaré, ajoutant que « pour le Sahara occidental, la position est dès le début claire et constante, nous sommes pour la solution onusienne et le respect de la légalité internationale ». Les observateurs qui ont parié sur un dégel dans les relations entre les deux pays suite à la visite effectuée par l’envoyé spécial du Roi du Maroc à Alger seront déçus. La tension entre les deux pays à propos de la question du Sahara occidental n’est pas près de s’apaiser.