Un expert américain pointe les mauvaises pratiques de l’UE en Algérie
Geoff Porter dirige la société North Africa risk consulting, spécialisée dans l’analyse des risques politiques et sécuritaires en Afrique du Nord. Dans un entretien à notre confrère TSA, il est revenu sur la polémique engendrée par l’article de Politico dans lequel il a été question des relations entre l’Union européenne et l’Algérie. L’expert américain ne mâche pas ses mots. Dans un style direct et tranchant, il décortique les dessous de la politique européenne en Algérie. Sur la question des entraves faite aux investisseurs étrangers en Algérie évoquée par Politico, l’expert américain estime que « si une entreprise respecte les règles établies en Algérie pour les investisseurs étrangers et si elle participe au projet national algérien alors ces entreprises peuvent satisfaire leurs intérêts commerciaux et leurs actionnaires. Pour ce qui est des autres difficultés que ces investisseurs étrangers peuvent rencontrer, on peut penser à la mauvaise compréhension du désir algérien de protéger ses propres intérêts nationaux. » La conclusion de l’expert américain est sans ambiguïté et elle devrait faire réfléchir tous les pseudo-démocrates de chez nous qui rabâchent les slogans préfabriqués en Europe dans le but d’accélérer le démantelèlement de la législation protectrice des intérêts nationaux en Algérie: « Je pense que l’Union européenne souhaiterait parfois dicter ce que devraient être les règles appliquées aux investissements étrangers au lieu de laisser à l’Algérie, en tant que pays souverain, établir ce qui conviendrait à ses propres intérêts »
L’expert américain n’est pas du même avis que Politico quand ce dernier présente l’Algérie comme un pays fermé aux investisseurs étrangers surtout dans le secteur de l’énergie : « Je pense que l’Algérie a beaucoup de potentiel. Si on se place dans la position d’un investisseur, qu’on comprend l’environnement dans lequel on veut investir et qu’on a l’opportunité de satisfaire les intérêts de son entreprise et la volonté de participer au projet algérien alors tout dépendra du secteur. Il y a certains secteurs qui sont plus attractifs que d’autres. L’environnement d’investissement en Algérie est similaire, si ce n’est mieux, que d’autres environnements d’affaires en termes de marché des hydrocarbures. En plus de cela, il y a aussi d’autres secteurs intéressants comme les télécommunications, le secteur pharmaceutique, l’agro-alimentaire, et d’autres secteurs qui émergent, comme l’automobile »
Il est connu que le projet de partenariat énergétique entre l’Algérie et l’UE butte sur la soi-disant « fermeture » du marché algérien. Sur cette question également, l’expert américain remet les pendules à l’heure et montre que curieusement, l’UE reproche à l’Algérie un manque d’ouverture alors que de son côté, elle fait tout pour fermer son marché aux activités des entreprises algériennes de production et de distribution d’électricité ou de produits pétrochimiques : « Ce que l’UE voudrait c’est que l’Algérie soit un fournisseur de matières premières donc qu’elle exporte du gaz naturel et que l’UE puisse ensuite transformer ce gaz en produit à valeur ajoutée pour produire de l’électricité ou des produits pétrochimiques, par exemple. Et je pense que ce que veut l’Algérie, c’est exporter des produits à valeur ajoutée et pas seulement des matières premières. Peut-être investir dans des centrales électriques en Europe et produire de l’électricité pour le marché européen ou développer le marché pétrochimique domestique grâce au gaz naturel et vendre les produits pétrochimiques à valeur ajoutée au marché européen. Donc il y a une forme de décalage entre l’Union européenne qui veut des matières premières et l’Algérie qui se rend compte que c’est dans l’intérêt national d’aller vers la production de produits à forte valeur ajoutée »