Amar Saadani a-t-il parlé au nom du président Bouteflika ?
Le discours du secrétaire général du FLN, Amar Saadani, devant les cadres du parti, révèle le retour en force d’un homme politique qui a été enterré trop vite par ses adversaires. Son long silence de quatre mois a été interprété comme le prélude d’un abandon politique par la présidence de la république qui l’a mis auparavant à la tête du FLN. Le discours de Amar Saadani de ce mercredi 5 octobre et les attaques virulentes lancées contre l’ancien patron du DRS, le général Toufik laissent penser que Amar Saadani bénéficie de nouveau de la confiance de la présidence de la république. En effet, le discours de Amar Saadani était ponctué d’hommages répétés au président Bouteflika et à sa politique de réconciliation nationale qui a ramené la paix et la sécurité en Algérie.
Les déclarations en faveur du président Bouteflika frisant le culte de la personnalité ont été diversement interprétées par les observateurs. Pour certains, Amar Saadani est au service de la présidence et il n’aurait jamais pu se permettre des déclarations aussi incendiaires contre les « officiers de la France » sans le soutien de la présidence. Cependant, pour d’autres observateurs, le discours de Amar Saadani doit être nuancé. Certes, l’éloge du président Bouteflika constitue l’ossature du discours. Mais cela n’a pas empêché Amar Saadani de saluer au passage le chef d’état-major de l’ANP, le moudjahid Ahmed Gaïd-Salah ainsi que le « patriote » qui se trouve actuellement à la tête des services de sécurité (Athmane Tartag). Pour les observateurs, le fait de soutenir en même temps ces différents personnages de l’Etat algérien prouve que Amar Saadani continue à chercher une position d’équilibre entre plusieurs pôles de pouvoir en Algérie.
En effet, malgré l’insistance de Amar Saadani à défendre le président Bouteflika, les observateurs s’interrogent sur les rapports véritables qu’il y aurait entre la présidence et la direction actuelle du FLN. En réitérant sa revendication d’un « gouvernement politique » issu de la majorité parlementaire, seule condition selon lui en vue de matérialiser le passage à un « Etat civil », comme c’est l’usage dans la plupart des démocraties du monde, Amar Saadani est-il certain d’avoir le feu vert de la présidence ? La présidence acceptera-t-elle si aisément un système dans lequel un gouvernement issu de la majorité parlementaire deviendra responsable devant le parlement en sachant qu’un tel système débouchera forcément sur un amoindrissement du pouvoir de la présidence ?