Amar Saadani victime des appétits du cercle présidentiel
La démission de Amar Saadani de son poste de secrétaire général du FLN ne peut s’expliquer seulement par son état de santé comme il a essayé de le faire croire dans sa déclaration devant les membres du Comité central et des représentants de la presse. Amar Saadani a bel et bien été poussé à la sortie par celui-là même qui l’avait intronisé en 2013, à savoir le président Bouteflika ou ceux qui se sont habitués à diriger en son nom depuis qu’il a été affecté et diminué par la maladie.
Reste à savoir ce qui a précipité le geste de la présidence. Pour certains observateurs, la dernière sortie de Amar Saadani le 5 octobre dernier quand il s’est attaqué de manière virulente aux officiers de la France, à l’ancien patron du DRS, le général à la retraite Mohamed Mediene et à l’ancien secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem aurait accéléré la décision de sa mise à l’écart. Amar Saadani serait devenu incontrôlable. Il faut ajouter à cela que Amar Saadani a été contesté par d’anciens responsables du parti et des anciens moudjahidines qui ont demandé à plusieurs reprises sa révocation. Cela ne pouvait que déstabiliser et affaiblir le FLN à la veille d’une importante échéance politique à savoir les élections législatives du printemps 2017.
Cependant, d’autres observateurs ne croient pas à cette version. Pour ces observateurs, la « démission » de Amar Saadani fait partie d’un scénario mûrement réfléchi depuis longtemps. Le cercle présidentiel a eu besoin de Amar Saadani pour déboulonner l’ancien patron du DRS, le général à la retraite Mohamed Mediene. Une fois la besogne accomplie, Saadani ne pouvait plus servir la présidence. Au contraire, sa revendication d’un gouvernement civil dirigé par la majorité parlementaire risquait d’affaiblir les pouvoirs de la présidence et des clans qui se cachent derrière. Pire, Amar Saadani était soupçonné de rouler pour un autre centre de pouvoir, celui qui est représenté par le vice-ministre de la défense nationale et chef d’état-major de l’ANP, le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd-Salah. Les observateurs qui soutiennent cette version des faits mettent en avant la désignation d’un homme comme Djamel Ould Abbès à la tête du FLN. Un homme de 82 ans sans charisme politique qui pourrait parfaitement convenir pour la période qui s’ouvre. Une période que le cercle présidentiel compte bien verrouiller pour préparer le terrain à un cinquième mandat ou le cas échéant à une succession familiale.