L’assassinat de l’ambassadeur russe n’affectera pas les relations turco-russes
L’ambassadeur russe en Turquie Andreï Karlov, a été tué par balle, lundi 19 décembre, à Ankara. Un homme a ouvert le feu sur le diplomate alors qu’il visitait une exposition d’art dans la capitale turque. « Pendant que l’ambassadeur faisait un discours, un homme grand, portant un costume, a tiré d’abord en l’air puis a visé l’ambassadeur », a raconté à l’AFP Hasim Kiliç, correspondant du quotidien Hurriyet à Ankara. Il aurait ensuite demandé aux personnes présentes de quitter la salle. Des commandos des forces spéciales arrivées sur place un peu plus tard ont tué l’assaillant au cours d’un échange de coups de feu qui aurait duré 15 minutes. Selon la presse turque, l’homme avait réussi à franchir les contrôles en exhibant une « carte de policier »
Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, on peut voir le tireur abattre l’ambassadeur puis déclarer en arabe des paroles de chant djihadiste : « Nous sommes ceux qui ont voué allégeance à Mohamed pour le djihad jusqu’à notre dernière heure. » Avant de continuer, en turc : « N’oubliez pas la Syrie, n’oubliez pas Alep. Tant que les habitants n’y seront pas en sécurité, vous ne le serez pas non plus. ». Plus tard dans la soirée, le « Mouvement populaire syrien », une organisation inconnue jusqu’ici, a revendiqué l’attentat en le présentant comme un acte de représailles contre l’engagement militaire russe aux côtés du régime syrien. Dans son communiqué, le mouvement a promis d’autres actions de ce genre contre des objectifs iraniens et russes dans le monde.
Le président russe, Vladimir Poutine, a qualifié cet assassinat de « provocation » destinée à nuire aux liens qui se réchauffaient entre Moscou et Ankara et aux efforts pour résoudre le conflit en Syrie. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a appelé dans la soirée son homologue russe « pour lui donner des informations sur l’attaque », a fait savoir le porte-parole du chef d’Etat turc, Ibrahim Kalin. « Nous ne laisserons pas cette attaque jeter une ombre sur l’amitié entre la Turquie et la Russie», a affirmé dans un communiqué le ministère des affaires étrangères turc. Le ministre de l’intérieur turc, M. Soylu, a pour sa part dénoncé « un attentat contre les relations turco-russes ». Cet événement intervient alors que les ministres des affaires étrangères de Russie, de Turquie et d’Iran doivent se rencontrer, mardi 20 décembre à Moscou, pour parler de la situation à Alep et de la Syrie. Les observateurs estiment que cet attentat n’affectera pas le rapprochement russo-turc actuel dont les motivations stratégiques sont bien plus grandes que les divergences qui pourraient séparer les deux pays, un rapprochement qui n’arrange pas certaines puissances régionales et internationales, à commencer par l’Iran dont la rivalité avec le voisin turc fait redouter le pire pour la stabilité de la région.