Les déclarations contradictoires de Donald Trump sur le Qatar
Le président américain Donald Trump n’est pas à sa première bourde diplomatique mais cette fois-ci l’enjeu est capital. En effet, le président américain n’a pas hésité à accuser mardi le Qatar, pourtant allié des États-Unis, de financer les extrémistes, prenant fait et cause pour l’Arabie saoudite et ses alliés qui ont rompu avec le riche émirat gazier. Les pays du Golfe ont dit «qu’ils adopteraient une ligne dure contre le financement de l’extrémisme et tous les éléments pointaient vers le Qatar», a écrit Donald Trump sur Twitter. «Cela sera peut-être le début de la fin de l’horreur du terrorisme», a-t-il ajouté. «Je soupçonne qu’ils (les dirigeants des pays du Golfe) ont été confortés par ce qu’a dit Trump pendant sa visite et qu’ils pensent avoir reçu son soutien, confie un ancien responsable américain à Reuters. Je ne sais pas s’ils avaient besoin de plus que ce qui a été dit en public.» Ces déclarations du président américain tranchent avec le ton conciliant de son chef de la diplomatie, Rex Tillerson, qui avait appelé dès lundi les pays du Golfe à rester «unis» et à «s’asseoir et à parler de ces divergences». Ces propos de Donald Trump ont été jugés « regrettables » par l’ambassadeur du Qatar aux Etats-Unis.
Allié de longue date de Washington, le Qatar héberge la plus grande base aérienne américaine dans la région, siège du commandement militaire américain chargé du Moyen-Orient, et héberge sur son sol plus de 10.000 soldats. La base d’Al-Udeid est cruciale pour la lutte contre le groupe djihadiste État islamique (EI) en Syrie et Irak, menée par la coalition internationale dirigée par Washington et dont fait partie Doha. Les opérations militaires américaines au Qatar ne sont «pas affectées» par la crise autour de cet État clef pour le dispositif militaire américain au Moyen-Orient, a assuré mardi le porte-parole du Pentagone, Jeff Davis, qui a par ailleurs refusé de commenter les tweets de Donald Trump. «Nous espérons une résolution rapide» à la crise, a-t-il simplement commenté. «Nous continuons d’être reconnaissants aux Qataris pour leur soutien de longue date à notre présence et nous n’avons pas de projet de changer notre position au Qatar», a-t-il déclaré .
Diplomates et anciens responsables américains se disaient choqués mardi que Donald Trump prennent aussi ouvertement partie dans une dispute entre pays alliés des Etats-Unis. «Nous avons des milliers de soldats au Qatar, c’est très choquant que le président fasse des déclarations de politique étrangère sur Twitter sans consulter ses conseillers pour la Sécurité nationale sur les conséquences possibles pour nos troupes», a réagi le sénateur démocrate Chris Murphy. Depuis, le président Américain s’est ravisé en adoptant un discours plus mesuré et en appelant à une résolution rapide de la crise tout en insistant sur la stabilité de la région du Golfe.