Les banques entament des procédures de saisie contre les jeunes de l’ANSEJ
C’est le cafouillage total au sommet de l’Etat. Au moment où le nouveau premier ministre, Ahmed Ouyahia, vient de rassurer les hommes d’affaires du FCE au sujet de la continuation des aides de l’Etat (entendez les crédits de complaisance), les banques publiques ont décidé subitement d’entamer des procédures de saisie à l’encontre des petites entreprises créées dans le cadre des dispositifs ANSEJ et CNAC qui sont dans l’incapacité de rembourser leur prêt dans les délais fixés. Face à la fronde des jeunes opérateurs économiques, le ministre du travail, de l’emploi et de la sécurité sociale, Mourad Zemali, vient de promettre que ces procédures bancaires seront arrêtées. Au cours d’une rencontre avec les adhérents de la Fédération nationale des jeunes entrepreneurs dans le cadre d’une visite effectuée à Guelma, le ministre a appelé les directeurs de l’Agence nationale de soutien à l’emploi des jeunes (ANSEJ), ceux de la Caisse nationale d’assurance chômage (CNAC) à prendre attache avec les instances bancaires locales pour l’arrêt de toute procédure de saisie.
A cette occasion, le ministre a affirmé que ses services vont entamer avec ceux du ministère des finances un travail coordonné pour faire cesser immédiatement ces procédures de saisie. Il a, en outre, réaffirmé que « l’Etat poursuivra son appui aux micro-entreprises » au demeurant, « un choix irréversible ». Les concernés conserveront les avantages accordés par l’Etat comme promis par le ministre dont ses services au niveau central veilleront à suivre sur le terrain, « l’application effective de la décision du gouvernement de consacrer 20% des projets pour les micro-entreprises créées dans le cadre des dispositifs d’aide à l’emploi et de réserver pour les mêmes entités les projets de la sous-traitance ». L’autre assurance donnée par le ministre est que son département, en coordination avec le ministère de l’intérieur et des collectivités locales va saisir par écrit les walis pour faire respecter « l’application de la décision du gouvernement ».
Les observateurs s’interrogent sur le manque de coordination entre les différentes instances publiques. Qui a ordonné aux banques publiques d’entamer des procédures de saisie à l’encontre des micro-entreprises alors que ces mêmes banques ne bougent le petit doigt pour récupérer les milliards de dollars accaparés par les faux investisseurs qui sont devenus milliardaires du jour au lendemain ? Sur quoi s’appuie le ministre du travail pour promettre aux jeunes entrepreneurs qu’ils ne seront pas inquiétés par les banques ? Plusieurs témoignages reçus par notre rédaction nous confirment que des banques ont bien envoyé des huissiers de justice en vue de saisir le matériel de micro-entreprises pour le revendre au dinar symbolique à leurs relations. Les promesses du ministre du travail et la mobilisation des jeunes entrepreneurs seront-elles suffisantes pour faire cesser le harcèlement bancaire ?