Qui a commandité les dernières manifestations de Kabylie ?
Les dérapages regrettables que vient de connaître la ville de Bouira n’ont pas manqué de susciter les interrogations et les inquiétudes des citoyens. Des habitants de Bouira, choqués par ce qu’ils ont vu ou entendu, n’ont pas hésité à pointer du doigt le laxisme de l’Etat algérien face à la montée d’un mouvement berbériste ouvertement raciste qui met en danger la paix civile et l’ordre public. Les observateurs politiques ne se contentent pas de cette explication et n’hésitent pas à chercher les mobiles de la fièvre berbériste dans les luttes de clans au sein de l’Etat pour le pouvoir et la rente, luttes qui interfèrent avec le jeu des puissances étrangères, à commencer par la France, en Algérie.
Il y a quelques jours, l’ancien capitaine des forces spéciales algériennes vivant actuellement en exil en Angleterre, Ahmed Chouchane, avait lancé une alerte publique dans laquelle il prévoyait que des éléments parmi les débris de l’ex-DRS préparaient des opérations de déstabilisation de grande envergure. Dans son alerte, Ahmed Chouchane s’est adressé directement au commandement de l’ANP, en affirmant que l’attaque visant l’Algérie ne sera pas de type conventionnel mais consistera à épuiser les énergies et les moyens de l’armée algérienne dans un conflit interne. Les dérapages qu’ a connus la ville de Bouira, qui rappellent tristement ce qui s’est passé il y a quelques années à Ghardaïa, pourraient malheureusement conforter les avertissements d’Ahmed Chouchane. Récemment, un site proche du MAK s’est fait l’écho de révélations émanant de députés du FFS et du RCD qui accusent directement la secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune, d’avoir agi sur ordre d’un clan du pouvoir. En effet, les manifestations qui ont lieu en Kabylie ont commencé en réaction au refus de la majorité parlementaire d’adopter une proposition faite par une députée du PT prévoyant des actions pour la généralisation de Tamazight dans la loi des finances 2018. Si elle se confirmait, l’accusation visant Louisa Hanoune pourrait accréditer la version de ceux qui soutiennent que d’anciens éléments de l’ex-DRS qui bénéficient toujours de relais puissants au sein de l’Administration et de la société, notamment en Kabylie, cherchent à utiliser la carte kabyle dans leur bras de fer avec leurs adversaires au sein du pouvoir.
Un élément qui intrigue les observateurs vient accréditer cette hypothèse. Les médias algériens ont tendance à pointer trop facilement du doigt les activistes du MAK. Or, ce dernier, soutient l’officialisation et la promotion de la langue kabyle dans le cadre d’une Kabylie indépendante et on le voit mal lancer un mouvement pour la généralisation d’une langue qu’il ne considère pas comme authentique. La généralisation de Tamazight, une langue artificielle créée pour les besoins d’un projet politique qui devrait consacrer l’hégémonie de la minorité kabyle dans une nouvelle Algérie sous tutelle française et sioniste, est une revendication concoctée dans les laboratoires secrets d’un clan du pouvoir en collaboration avec ses relais politiques (FFS, RCD). Pour rappel, ce n’est pas la première fois que des clans au pouvoir utilisent un tel scénario pour arriver à leurs fins. Dans les années 90, sous le règne du président Liamine Zeroual, les généraux Mohamed Touati et Mohamed Médiene avaient pu compter sur les services des dirigeants du RCD, Saïd Sadi et Khalida Messaoudi, pour enflammer la rue en Kabylie dans le but de saboter le projet de généralisation de la langue arabe au sein de la fonction publique algérienne. Cependant, les observateurs estiment que quel que soit le jeu trouble joué par des clans actuellement au pouvoir ou par d’anciens éléments de l’ex-DRS dans les évènements actuels, il est difficile de ne pas y voir également des interférences étrangères, françaises en particulier, dans le but d’infléchir les positions souverainistes de l’Algérie.