Guitouni expose la stratégie algérienne de transition énergétique
Intervenant à l’occasion de la tenue de la Conférence-exposition sur la stratégie de transition énergétique 2030, le ministre de l’Energie, Mustapha Guitouni, a considéré que le concept de la transition énergétique, né en Europe de l’Ouest dans des pays aux profils énergétiques clairement distincts de l’Algérie, « ne peut être retenu tel quel par l’Algérie, et ce, bien que nous partageons certaines préoccupations communes, notamment en ce qui concerne la nécessité de couvrir nos besoins énergétiques à long terme et le souci d’une préservation de l’environnement et de lutte contre le réchauffement climatique ». M. Guitouni a rappelé, à ce titre que l’Algérie dispose de réserves prouvées récupérables d’hydrocarbures de plus de 4.000 milliards de Tonnes équivalent pétrole (TEP) dont plus de la moitié en gaz naturel. Selon lui, le pays produit en moyenne ces dernières années autour de 150 millions de TEP dont quelques 100 millions de TEP sont exportés. Pour le ministre, au vu de ces ressources conventionnelles d’hydrocarbures, un scénario moyen de production permettrait à l’Algérie de couvrir largement ses besoins énergétiques et à même de rester un exportateur significatif.
M. Guitouni a mis l’accent sur l’impératif de développer les ressources non-conventionnelles d’hydrocarbures, notamment gazeux. Toutefois, il a soutenu que l’Algérie « n’est pas contrainte à se précipiter pour lancer le développement et l’exploitation de ces ressources », expliquant qu’il est plus indiqué de s’atteler à mieux connaître les caractéristiques de ce potentiel en vue d’assurer, à moyen et long termes, l’indépendance énergétique du pays. Evoquant les énergies renouvelables (EnR), M. Guitouni a considéré qu‘au-delà des hydrocarbures, il revient au pays de mobiliser toutes ses ressources notamment en ces énergies, et ce, grâce au très vaste potentiel dont jouit le pays à travers le solaire, l’éolien, la biomasse…En vue de réussir la transition énergétique, la mobilisation des ressources renouvelables est ainsi nécessaire pour consolider, sur le long terme, la couverture des besoins énergétiques du pays et en faire un facteur de développement industriel et de diversification économique, a-t-il détaillé. Il a rappelé, à ce titre que le programme du gouvernement adopté en 2011 et mis à jour en 2015, prévoit le développement d’une capacité de 22.000 MW d’électricité d’origine renouvelable, notamment solaire, à long terme.
Abordant l’état d’avancement de ce programme, M. Guitouni a indiqué qu’il était en phase initiale de concrétisation, nécessairement lente, avec la mise en place des cadres juridiques et institutionnels et la réalisation de plusieurs centrales photovoltaïques, totalisant une capacité de près de 400 MW. Après cette phase initiale, l’Algérie s’apprête à un déploiement à grande échelle de l’électricité renouvelable, selon lui. Dans ce sens, l’Algérie devrait saisir l’opportunité de développer les énergies renouvelables en mettant sur pied une industrie dans ce domaine, a-t-il ajouté. Les observateurs reconnaissent le fait que la transition énergétique en Algérie devrait tenir compte des spécificités du pays mais ils relèvent que cela ne devrait en aucun cas justifier la frilosité qui continue de caractériser l’action des pouvoirs publics dans ce domaine, frilosité qui s’explique; selon eux, par la persistance des réflexes rentiers au sein de la classe dirigeante algérienne.