Ouyahia récidive et lance des accusations graves contre les grévistes
Une semaine après les propos virulents tenus à Biskra contre les médecins et enseignants en grève, le premier ministre, Ahmed Ouyahia, vient de récidiver en lançant de graves accusations contre les grévistes. Pour M. Ouyahia, la grève des médecins et les enseignants s’inscrit dans le cadre d’une « manoeuvre politicienne » visant à parasiter l’élection présidentielle de 2019. C’est la première fois depuis le déclenchement des mouvements de grève qu’un haut responsable politique se permet d’attaquer de la sorte un mouvement social dont les revendications ne sont jamais sorties du cadre strictement socioprofessionnel. M.Ouyahia n’a cité aucun élément probant en faveur de ses accusations.
Les observateurs s’interrogent sur les raisons qui ont poussé M. Ouyahia à politiser le bras de fer qui oppose le gouvernement aux grévistes en accusant les syndicats autonomes de chercher à parasiter l’élection présidentielle. M. Ouyahia cherche-t-il le soutien de la présidence de la république en tentant de faire croire que la grève est indirectement destinée à saboter un éventuel cinquième mandat de Bouteflika ? Ou bien M. Ouyahia a-t-il voulu signifier que les mouvements de grève des médecins et des enseignants ont pour but inavoué son départ de la tête du gouvernement, ce qui pourrait compliquer son éventuelle candidature à la magistrature suprême en 2019 ?
Mais ce qui inquiète les observateurs, c’est le fait qu’un haut responsable qui occupe la fonction de premier ministre semble perdre son sang froid et n’arrive plus à traiter un conflit à caractère socioprofessionnel de cette ampleur avec le sens des responsabilités qui devrait être le sien. Pire, en versant dans l’invective et l’insulte, M. Ouyahia semble avoir choisi la voie de la provocation au risque de jeter de l’huile sur le feu. Certains observateurs n’excluent pas que les provocations répétées de M. Ouyahia soient l’indice que ce dernier sent que son avenir politique est désormais compromis.