Houari Boumediene n’avait rien à voir avec la mort du colonel Amirouche
Les accusations proférées par les berbéristes contre le président défunt Houari Boumediene ne résistent pas à l’examen historique. Nous connaissons tous l’histoire du coup monté par les services de renseignement de l’armée française à l’adresse des commandants des wilayas de l’ALN en vue de les pousser à exécuter les étudiants et les intellectuels ayant rejoint les maquis depuis 1956. Seul le chef de la wilaya III, le colonel Amirouche, était tombé dans ce piège grossier en se rendant coupable du crime qui a consisté à faire exécuter près de 2000 cadres de la wilaya III. Les responsables du GPRA, Krim Belkacem, Abdelhafid Boussouf et Lakhdar Bentobal ont tenté d’arrêter la folie meurtrière du colonel Amirouche en lui donnant l’ordre de cesser les exécutions et d’envoyer à Tunis tous les éléments qu’il suspectait ainsi que tous les étudiants encore en vie. Dans son témoignage historique, Mourad Benachenhou a rappelé que début janvier 1959, Amirouche a envoyé à ses deux responsables hiérarchiques officiels, à savoir Krim Belkacem et le colonel Nacer, un message violent où il faisait état de la mauvaise situation militaire dans la wilaya, mais où également il lançait des accusations de trahison contre certains hauts responsables de l’ALN en position sur le territoire tunisien; dans ce message, il a exigé d’être autorisé à se déplacer sur Tunis pour apporter ses preuves et faire lancer une opération d’épuration; il a également annoncé qu’il serait accompagné du colonel Haouès.
La réponse à ce message a été rédigée conjointement par Boussouf, Belkacem et Ben Tobbal, mais signée par Belkacem seulement en sa qualité de ministre de la Défense; dans ce message, l’ordre d’arrêter toutes les exécutions et de continuer l’évacuation sur Tunis des intellectuels, soupçonnés ou nom de connivence avec l’ennemi, était réitéré à Amirouche; il lui avait également été demandé de venir seul et de passer par le Nord Constantinois, qui était, de l’avis des trois responsables, plus sûr que le Sud, car dans la wilaya 6 sévissait une situation que le GPRA ne contrôlait pas. Amirouche a accusé réception de ce message, tout en précisant qu’il prenait la route sur Tunis et qu’il arrêtait toute communication avec l’extérieur, demandant qu’on ne tente plus de prendre contact avec lui car il avait ordonné à l’opérateur radio d’éteindre son émetteur-récepteur. Quelques jours avant la bataille qui a coûté la vie au colonel Amirouche comme à Haouès, l’échange de messages entre différentes unités ennemies, messages interceptés et déchiffrés par les services d’écoute de l’ALN, faisait état de rumeurs parmi les populations locales, du déplacement de Amirouche en compagnie de Haouès; les Bulletins de renseignements généraux de la Gendarmerie nationale ennemie, diffusés en clair tous les jours à 17 heures, ont à la même époque mentionné ce déplacement.
Krim Belkacem, Boussouf, Bentobbal et Nacer ont été informés de cela ; en même temps, les services de transmissions de l’ALN ont tenté de contacter en vain Amirouche pour l’informer qu’il avait été repéré et qu’il devait changer d’itinéraire ; comme il avait de son propre chef décidé de ne plus recevoir de messages de Tunis, les wilayas IV et II ont été contactées pour lui transmettre l’information ; mais elles aussi n’avaient pas le moyen d’informer à temps Amirouche . Dans son témoignage, Mourad Benachenhou est revenu sur les accusations portées contre Houari Boumediene par des activistes berbéristes animés d’une haine primaire contre l’ancien président algérien. Boumédiène était alors chef d’état-major de l’Ouest, et de ce fait, n’avait aucune responsabilité dans la gestion des affaires de la Wilaya III et n’avait aucune information sur les communications entre le GPRA et Amirouche, ou sur les conditions de son voyage vers Tunis ou son itinéraire. Boumediène ne pouvait donc avoir aucune influence sur le déroulement du drame qui devait coûter la vie à Amirouche. Par conséquent, les accusations lancées par les berbéristes contre Houari Boumediene ne sont qu’affabulations grossières visant à salir sa mémoire.