Une flotte aérienne vétuste mais très sollicitée ces dernières années
Le crash de l’avion de transport militaire IL-76 qui a coûté la vie à 257 passagers illustre de manière tragique l’état vétuste dans lequel se trouve une grande partie des appareils composant la flotte de la 7eme escadre de transport et de ravitaillement de l’armée de l’air algérienne. La propagande des médias hostiles aussi bien makhzéniens que français et israéliens- malheureusement relayée par certains sites algériens- n’hésite pas à pointer du doigt le soi-disant « surarmement » de l’Algérie. Le budget consacré à la défense nationale évalué à 10 milliards de dollars par an est sciemment confondu avec le budget consacré à l’achat d’armes alors que ce dernier ne dépasse guère les 2 milliards de dollars par an.
La réalité est tout autre. L’Algérie s’est contentée durant de nombreuses années d’un budget de défense loin de ses véritables besoins. C’est seulement après la guerre d’invasion de l’Irak en 2003 que l’Algérie a commencé à réfléchir sérieusement à la modernisation de son potentiel militaire mais elle n’a pu commencer à le faire sérieusement qu’à partir de 2006 après avoir réglé le problème de la dette militaire à l’égard de la Russie. L’augmentation des recettes pétrolières et les menaces croissantes aux frontières surtout après l’intervention étrangère en Libye en 2011 ont finalement décidé l’Etat algérien à s’équiper militairement pour parer à toute menace. Cependant, le retard était tel que le commandement de l’ANP ne pouvait pas répondre à tous les besoins en même temps. Il fallait faire des choix.
Les nouvelles menaces apparues aux frontières sud-est après 2011 ajoutées aux menaces qui n’ont jamais disparu aux frontières ouest et sud-ouest ont contraint le commandement de l’armée algérienne à un programme de déploiement de forces intense et éprouvant pour les hommes et pour les équipements. Le taux d’attrition des appareils volants et roulants ne peut que s’en ressentir dans ces conditions. Ceci est particulièrement vrai pour les appareils de l’AAF qui ont vu leur nombre d’heures de vol se multiplier avec tous les risques que cela suppose. Les accidents survenus durant ces dernières années s’expliquent au moins partiellement par cet état de fait. Le dernier crash en date de l’IL-76 vient malheureusement nous rappeler cette triste réalité. La flotte du 357eme escadron de transport de l’AAF, basé à Boufarik, comprend une dizaine d’Iliouchine 76 et une quinzaine de Boeing Hercule C-130 acquis à la fin des années 80. La moyenne d’âge de ces appareils dépasse 30 ans. Il est grand temps de les remplacer. L’argument financier ne tient pas la route quand on connaît le volume des capitaux qui fuient chaque année le pays. La protection de la sécurité nationale et la protection de l’économie nationale contre les rapaces de la mafia politico-financière sont intimement liées et exigent par-dessus tout une volonté politique inébranlable.