Escalade militaire dangereuse entre Israël et l’Iran en Syrie
Des sources israéliennes ont prétendu que dans la soirée du mercredi 9 mai, des roquettes directement attribuées à la force Al-Qods, chargée des opérations extérieures des Gardiens de la révolution iraniens, ont été tirées en provenance de Syrie, près de Kiswa, dans les environs de Damas. Ces roquettes auraient visé, sans succès, les premières positions de l’armée israélienne sur le plateau du Golan annexé par Israël depuis 1981. Aucune victime n’a été enregistrée. Le système de défense antiaérien Dôme de fer a intercepté plusieurs roquettes parmi les vingt tirées, dont aucune n’aurait atteint le territoire contrôlé par Israël. Vers 2 heures du matin, les habitants ont été autorisés à sortir des abris, les écoles devant rouvrir normalement dans la matinée. Israël a répondu immédiatement, et avec une ampleur inédite, à cette salve, qui était attendue depuis déjà plusieurs semaines. « Nous avons frappé presque toutes les infrastructures iraniennes en Syrie », a expliqué, jeudi matin le ministre de la défense, Avigdor Lieberman.
Selon le porte-parole de l’armée israélienne, Jonathan Conricus, qui s’est exprimé au cours d’une conférence téléphonique, les cibles iraniennes visées étaient des entrepôts logistiques, des dépôts de munition à l’aéroport de Damas, des bases militaires, des sites utilisés pour le renseignement et de postes d’observation, sans compter le véhicule d’où les roquettes iraniennes ont été tirées. L’armée israélienne explique qu’elle ne souhaite pas d’escalade. Jonathan Conricus estime que « cette attaque par la force Al-Qods reflète leur audace et celle de Qassem Soleimani [le chef de la force] », qui est tenu directement pour responsable. « Nos forces aériennes ont affronté un feu antiaérien massif », a-t-il précisé, évoquant « des dizaines de missiles sol-air » tirés, qui n’ont pas atteint les avions israéliens. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), ces frappes ont fait au moins 23 morts. L’armée russe affirme de son côté qu’Israël a utilisé 28 avions et tiré 70 missiles sur des positions iraniennes.
La Russie a été alertée avant le déclenchement des frappes par l’Etat hébreu, dans le cadre du mécanisme d’échanges mis en place entre les deux états-majors. La presse israélienne estime que ces tirs de part et d’autre sont les plus sérieux dans cette zone depuis la guerre du Kippour en 1973 et l’accord sur le désengagement signé l’année suivante. La première réaction internationale est parvenue de France. Le président français, Emmanuel Macron, a appelé jeudi « à la désescalade » entre les deux pays, a fait savoir la présidence française et « il s’entretiendra à ce sujet avec la chancelière » allemande Angela Merkel, qu’il rencontre dans la journée à l’occasion de la remise d’un prix européen. De son côté, la Russie a appelé à «la retenue» après les frappes israéliennes contre des infrastructures iraniennes en Syrie, a déclaré jeudi le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov, faisant part de sa «préoccupation». «Nous avons établi des contacts avec chaque partie, nous les appelons toutes à la retenue», a indiqué aux agences de presse russes Mikhaïl Bogdanov, ajoutant: «bien sûr, cela suscite pour tout le monde de la préoccupation». Pour les observateurs, cette escalade militaire dangereuse entre Israël et l’Iran en Syrie était prévisible à la suite de la décision américaine de sortir de l’Accord sur le nucléaire iranien.