L’affaire de la saisie de cocaïne révèle l’ampleur de la corruption
Le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Tayeb Louh a affirmé lundi, à Alger, que l’enquête instruite dans l’affaire de saisie de plus de 700 kg de cocaïne au port d’Oran avait révélé l’implication de plusieurs personnes dans des faits liés à la corruption et de pots-de-vin versés en contrepartie de facilitations. En marge de l’adoption du projet de loi fixant les modalités d’application de l’exception d’inconstitutionnalité, M. Louh a indiqué que la saisie de certains appareils électroniques, téléphones portables et caméras de surveillance, dans le cadre de l’enquête instruite dans l’affaire de saisie, fin mai dernier, d’une quantité de cocaïne au port d’Oran a révélé l’implication de certaines personnes dans des affaires de corruption.
L’enquête préliminaire s’est soldée par la présentation de suspects devant la justice pour corruption et pots-de-vin versés en contrepartie de facilitations au profit du principal accusé dans l’affaire de cocaïne, mais dans le cadre d’une autre mission et d’une autre activité (promotion immobilière). Pour rappel, la Chambre d’accusation près la Cour d’Alger a rejeté, mercredi, des demandes de mise en liberté provisoire déposées par les avocats de 6 individus arrêtés dans l’affaire des 701 kg de cocaïne, a-t-on appris auprès des avocats chargés de ce dossier. Parmi les individus arrêtés pour « constitution et financement d’un groupe criminel organisé », « crimes transfrontaliers et blanchiment d’argent », figure le principal accusé, K. Chikhi, importateur des viandes chargées à bord du navire provenant du Brésil et dans lequel la quantité de cocaïne a été retrouvée.
La présence parmi les individus mis en cause dans cette affaire de plusieurs personnalités exerçant des fonctions importantes au sein de l’appareil d’Etat (on parle de deux procureurs de la république, du président d’un tribunal administratif, de plusieurs directeurs d’offices immobiliers, d’un adjudant de la gendarmerie nationale et du fils d’un ancien premier ministre) révèle, selon les observateurs, l’ampleur prise par le phénomène de la corruption durant ces dernières années. L’interférence entre l’argent sale et la politique a atteint des proportions alarmantes au point où l’opinion publique n’hésite plus à pointer du doigt une mafia politico-financière toute puissante. L’entourage du président de la république aurait profité de la maladie de ce dernier pour placer ses hommes dans des postes sensibles de l’appareil d’Etat et distribuer des marchés juteux à ses protégés du FCE. Cette mafia politico-financière tire par ailleurs sa force de la complaisance dont elle bénéficie auprès de l’ancienne puissance coloniale.