Ouargla : Un mouvement social dirigé contre le régionalisme
La marche des jeunes de Ouargla contre la marginalisation de leur wilaya et pour l’emploi et le développement socio-économique a permis de lever le voile sur un des tabous les mieux gardés en Algérie, le tabou du régionalisme qui explique qu’une des wilayas les plus riches du pays, celle où se concentre l’essentiel des activités pétrolières de Sonatrach, soit en même temps une des wilayas les plus pauvres. L’explication de ce paradoxe politique est pourtant très simple. Les dirigeants qui se sont succédés au pouvoir en Algérie depuis l’accession du pays à l’indépendance nationale en 1962 se sont contentés de reproduire le schéma de développement hérité du système colonial dans lequel l’activité socioéconomique et l’administration étaient concentrées dans les villes du littoral et les riches plaines du nord du pays (qui étaient habitées par la majorité des Pieds noirs durant la période coloniale).
C’est ainsi que malgré les investissements colossaux effectués par l’Etat algérien en faveur du développement socioéconomique, les régions de l’arrière-pays n’ont pu bénéficier comme il se doit de cette dynamique de développement incontestable. La responsabilité de ce grave déséquilibre incombe à une bureaucratie centrale formée à la hâte par l’ancienne puissance coloniale pour la remplacer après l’indépendance, une bureaucratie francophile et hostile à l’option populaire du FLN et que l’ancien colonisateur a fait exprès de choisir parmi la minorité kabyle selon la vieille devise coloniale « diviser pour régner ». Les pratiques clientélistes et claniques de cette bureaucratie qui gangrène tous les appareils de l’Etat (ministères, wilayas, daïras), les médias et les grandes entreprises et banques publiques, ont désormais atteint un stade insupportable.
Dans plusieurs wilayas de l’intérieur du pays, dans le grand sud et les Hauts Plateaux, les citoyens pointent de plus en plus ouvertement le clanisme des bureaucrates parachutés par Alger qui agissent en véritables colons, servent leurs cousins et ne font rien pour développer les wilayas dont ils ont officiellement la charge. La balle est désormais dans le camp du pouvoir algérien. Soit il laisse pourrir la situation au risque de compromettre gravement l’unité nationale. Soit il prend des mesures urgentes pour mettre fin aux pratiques régionalistes des minorités culturelles et idéologiques qui tentent de prendre le contrôle de l’Etat algérien au nom d’une « amazighité » revue et corrigée par des laboratoires parisiens.