Le président Bouteflika lance une opération contre l’argent sale
Dans sa dernière déclaration publique, le président Bouteflika a tenu un discours très dur à l’adresse des responsables qui utilisent leur haute fonction au sein de l’Etat pour s’enrichir illicitement et a promis que la Justice traitera de manière équitable tous les coupables de corruption quel que soit leur rang social. Cette déclaration a été rendue publique au moment où certains médias connus pour leur proximité avec la présidence ont révélé que 5 généraux-major récemment démis de leurs fonctions feraient l’objet d’une enquête de la Justice militaire dans le cadre d’affaires de corruption. Les observateurs s’interrogent sur le timing de ces révélations et déclarations qui ont lieu quelques mois avant le lancement officiel de la campagne pour les présidentielles du printemps 2019.
Pour les observateurs, l’opération « mains propres » lancée par la présidence de la république pourrait n’être qu’un simple épisode dans la guerre des clans pour le pouvoir et la rente. Dans cette lutte, l’état-major de l’ANP a semblé marquer des points contre la présidence lorsqu’il a su utiliser l’affaire de la saisie de 700 kg de cocaïne pour se débarrasser de l’ancien directeur général de la sûreté nationale, le général-major Abdelghani Hamel et de l’ancien patron de la gendarmerie nationale, le général-major Menad Nouba. Mais le clan présidentiel n’est pas resté les bras croisés. Il vient de contre-attaquer en organisant les fuites dans la presse concernant l’interdiction de sortie du territoire national de 5 généraux-major soupçonnés de trafic d’influence après avoir été démis de leurs fonctions.
Mais cette opération pourrait également augurer d’une nouvelle page dans l’histoire mouvementée de la lutte des clans qui se solderait par l’établissement d’un nouveau compromis. Chacun des deux clans serait contraint de sacrifier ses moutons noirs dans le cadre d’une opération de moralisation des appareils de l’Etat qui souffrent d’un grave discrédit au sein de la population. Le nettoyage des structures de l’ANP donnerait dans ces conditions le signal de départ d’une grande opération de nettoyage de l’Etat qui toucherait l’ensemble de ses structures (gouvernement, wilayas, magistrature, banques et entreprises publiques). Les nouveaux oligarques qui ont vu le jour durant l’ère de Bouteflika pourraient être visés dans le cadre de cette opération « mains propres », ce qui expliquerait que certains hommes d’affaires ont déjà commencé à sortir leurs capitaux à l’étranger et que d’autres ont gelé leurs investissements en attendant une meilleure visibilité après avril 2019.