Ali Ghediri : Le candidat qui veut faire du neuf avec du vieux
Le général-major à la retraite Ali Ghediri se présente aux élections présidentielles du 18 avril prochain comme le candidat de la « rupture » avec le système. Comment un ancien général à la retraite qui a passé quinze ans de sa carrière derrière un bureau du Ministère de la défense nationale compte-t-il faire pour réaliser cette « rupture », c’est la question que se posent la plupart des observateurs de la scène politique algérienne. Inconnu des Algériens il y a encore quelques semaines, Ali Ghediri n’a aucune expérience politique ni aucune base sociale qui pourrait lui permettre d’envisager sérieusement de diriger un pays aussi compliqué que l’Algérie. Pourtant, depuis qu’il a annoncé sa candidature, les soutiens publics pleuvent sur lui comme par miracle. Ces soutiens émanent du microcosme algérois, à commencer par les rédactions d’El Watan et de Liberté dont tout le moment connaît les liens avec le milliardaire Issad Rebrab et les anciens chefs du DRS dissous.
Ali Ghediri aurait également reçu le soutien de l’ancien président de l’APN, Karim Younès qui avait soutenu en 2004 la candidature de Ali Benflis et qui a rejoint récemment le camp de l’ancien chef du DRS, le général Toufik. Le soutien de ce dernier ajouté à celui de l’avocat Mokrane Aït Larbi, un des idéologues les plus en vue du courant identitaire kabyle, montre que Ali Ghediri a accepté d’être ainsi l’otage d’une mouvance politico-financière qui n’hésite pas à instrumentaliser la revendication identitaire kabyle à des fins hégémoniques de plus en plus évidentes quitte à s’allier pour cela avec des cercles néocolonialistes et sionistes connus pour leur hostilité à l’Algérie. La nomination du journaliste Hmida Layachi comme responsable de la communication du candidat Ali Ghediri a été interprété par certains observateurs comme un autre signe que ce dernier est biel et bien le poulain du général Toufik même si en 2015 Hmida Layachi avait pris publiquement ses distances à l’égard de ses confrères algérois qui se sont levés comme un seul homme pour défendre l’ancien patron du DRS.
Ces données laissent perplexes les observateurs. Comment un candidat qui prétend incarner la « rupture » avec le système peut-il être crédible alors qu’il apparaît tout simplement comme une marionnette entre les mains des débris de l’ancien DRS, du microcosme algérois et du milliardaire Issad Rebrab qui vient de mettre à sa disposition une luxueuse villa à Hydra pour servir de QG de campagne. Les observateurs sceptiques n’hésitent pas à rappeler que les forces qui s’agitent aujourd’hui autour du candidat Ali Ghediri ont été partie prenante dans la politique qui a mené à la dérive sanglante de la décennie noire et ont allègrement profité des largesses du système qu’il décrient aujourd’hui durant les trois premiers mandats du président Bouteflika, même si ce dernier et ses partisans ont également une lourde responsabilité dans ce bilan négatif par leur incapacité à mettre fin aux pratiques funestes de ces forces qui ont pris l’Etat algérien en otage.
Mohamed Merabet