La France préfère Bouteflika à Gaïd Salah
On le savait. Pour sauvegarder ses intérêts en Algérie, la France a décidé de parier sur le clan présidentiel et soutenir discrètement l’option du cinquième mandat. Mais avec l’apparition d’un fort mouvement populaire hostile au cinquième mandat, le gouvernement français est pressé par ses services de renseignements de lâcher le président Bouteflika pour préserver les intérêts de la France dans l’éventualité d’un changement de régime en Algérie. Cependant, l’option du cinquième mandat ne semble pas avoir que des adversaires dans les arcanes du pouvoir français. Des voix influentes continuent à défendre malgré tout le président Bouteflika (surtout le clan qui se cache derrière lui) dans la mesure où ils estiment que c’est la meilleure option qui s’offre pour le moment pour la sauvegarde des intérêts français en Algérie.
Le site Maghreb Intelligence a fait état du lobbying effectué par l’ancien ministre des Affaires étrangères et ancien premier ministre français, Alain Juppé, auprès du président Macron pour qu’il continue à défendre l’option du cinquième mandat : » Une crise difficile s’est installée ces jours-ci entre Paris et Alger à cause des manifestations populaires contre le 5e mandat. Cette importante colère populaire fait peur à la France et l’Elysée envoie des messages clairs à El-Mouradia : il n’est pas question que cette situation dure. Dans l’entourage d’Emmanuel Macron, l’hypothèse de la nécessité d’abandonner le 5e mandat monte en puissance. Paris remet de plus en plus en cause le 5e mandat et exige d’El-Mouradia des gages de stabilité. Mais qui peut remplacer Bouteflika ? Et qui peut garantir la stabilité de l’Algérie ? A ces questions, Macron n’a pas encore trouvé des réponses et les scénarios ou prévisions de la DGSE annoncent plusieurs pistes et probabilités, assurent nos sources. »
Jusqu’ici tout est normal. La France qui a des intérêts à préserver en Algérie et qui s’inquiète pour les conséquences régionales d’une déstabilisation de l’Algérie ne peut que suivre de près ce qui s’y passe et tente d’anticiper sur les différents scenarii probables. mais les confidences du site français vont plus loin puisqu’on apprend que des cercles au pouvoir en France n’hésitent pas à parier sur le système Bouteflika pour éviter l’arrivée au pouvoir d’Ahmed Gaïd Salah :« C’est dans ce contexte de confusion générale qu’Alain Juppé, l’ancien ministre des Affaires Etrangères et Premier ministre français, est intervenu pour parler avec Macron et lui présenter sa vision de l’Algérie. Juppé connaît très bien l’Algérie et il dispose de très nombreux réseaux à Alger. Il connaît même personnellement le cercle proche et restreint d’Abdelaziz Bouteflika. Pour Alain Juppé, il est encore tôt pour annoncer la fin de Bouteflika. Et le système algérien peut juguler la rue s’il adopte une attitude responsable. Selon nos sources, la stabilité de l’Algérie ne passe pas forcément par le départ de Bouteflika. Au contraire, ce départ pourrait entretenir un vide qui peut générer des tensions et l’accaparement du pouvoir par un clan militaire hostile à la France, à savoir celui de Gaid Salah. Dans ce contexte, Juppé aurait demandé à Macron de temporiser encore et de ne pas lâcher le 5e mandat jusqu’à ce que la situation s’éclaircisse dans les jours à venir car il est probable que la rue s’essouffle d’ici la fin du mois de mars. »
Mohamed Merabet