L’opposition réclame désormais la destitution du président Bouteflika
Au lendemain de la publication du message du président Bouteflika annonçant des élections anticipées au cas où il serait réélu le 18 avril prochain, des personnalités de l’opposition algérienne, qui appellent au boycott de l’élection présidentielle, à l’instar d’Abderrazak Makri et Ali Benflis, ont tenu une réunion à l’issue de laquelle elles ont réclamé l’application de l’article 102 de la Constitution qui prévoit la destitution du président de la république en cas d’incapacité. Les partis d’opposition demandent un report de l’élection présidentielle et l’instauration d’une période de transition impliquant pouvoir et opposition.
Cette sortie de l’opposition constitue la première réponse politique aux promesses du président Bouteflika. Elle constitue en même temps une nouvelle pression sur le pouvoir qui doit continuer à faire face à la contestation sociale des catégories qui ont répondu jusqu’ici aux promesses du président Bouteflika par des manifestations : les étudiants, les enseignants et les avocats.
Les observateurs ne s’attendent pas à ce que la demande de l’opposition d’appliquer l’article 102 soit suivie d’effet immédiat. En effet, le Conseil constitutionnel, censé constater l’incapacité du président de la république et la « vacance du pouvoir », est présidé par un proche du président Bouteflika, M. Tayeb Belaïz. Par ailleurs, les deux chambres qui devraient se réunir pour destituer le président de la république sur proposition du Conseil constitutionnel sont acquises aux partis de la majorité présidentielle (FLN, RND). On voit mal dans ces conditions comment le processus de destitution du président de la république pourrait être actionné sans l’intervention discrète de l’armée. Cette dernière continue de montrer une loyauté sans faille au président Bouteflika. Mais les observateurs se demandent jusqu’à quand ?
Mustapha Senhadji