L’opposition unanime dénonce les manoeuvres du pouvoir
Le pouvoir n’aura pas seulement à affronter la rue. Ses décisions sont dénoncées à l’unanimité par les partis d’opposition. Pour le dirigeant du Front pour la justice et le développement (FJD), Abdallah Djaballah, les décisions du président Bouteflika « constituent une tentative en vue de contourner la volonté populaire pour ne pas avoir à répondre concrètement à l’aspiration exprimée par la jeunesse algérienne au changement de système« . De son côté, le MSP considère que « les décisions du président Bouteflika ne sont pas à la hauteur des aspirations populaires. » Le MSP estime que la prolongation du mandat du président Bouteflika n’a rien à voir avec qu’il avait proposé en toute transparence il y a plusieurs semaines. Le MSP reproche à l’initiative du pouvoir l’absence de toute recherche de consensus. « Le pouvoir est resté accroché à sa vieille mentalité qui consiste à décider unilatéralement et en secret du sort du pays sans consulter les partenaires de l’opposition, en se contentant de trouver des compromis entre les différentes factions au pouvoir et en se laissant influencer par des parties étrangères » conclut le MSP.
Même son de cloche du côté des partis démocrates. Le leader du RCD, Mohcine Belabbas, a déclaré : « Le chef de l’État manœuvre pour détourner à son profit le soulèvement populaire, en manipulant l’opinion publique par l’usage d’un champ sémantique qui renvoie aux slogans utilisés durant les manifestations. Il dit renoncer au cinquième mandat tout en se maintenant au pouvoir. Il prolonge de fait son mandat actuel en violation de la Constitution ». Le FFS vient de dénoncer à son tour les décisions du président Bouteflika qui constituent selon lui une tentative de briser la dynamique populaire. Le FFS revient à la vieille revendication démocratique, à savoir la convocation d’une Assemblée constituante. Pour rappel, les représentants du FFS ont décidé de se retirer de l’APN et du Conseil de la nation, en signe de solidarité avec le mouvement populaire contre le cinquième mandat.
L’avocat et militant des droits de l’Homme, Mustapha Bouchachi, une des personnalités les plus emblématiques de la « société civile algérois a reconnu qu’il s’agit d’une victoire partielle mais il a ajouté : « Nous ne demandons pas uniquement le report des élections, mais une période de transition gérée par un gouvernement de consensus national, formé par des personnalités crédibles, après une large concertation. Il n’est pas question pour nous de tolérer la confiscation de la volonté du peuple d’aller vers des élections libres et une véritable démocratie « . Zoubida Assoul, une des figures du mouvement Mouwatana, a commenté les décisions du président Bouteflika en indiquant que « les mesures attribuées au chef de l’État sont en contradiction avec la demande des citoyens, sortis par millions dans les rues pour exiger le départ du régime ». Le danger de la démarche réside, selon cette ancienne juge, dans l’annonce d’un agenda sans échéances précises. Enfin, la coalition des syndicats autonomes de l’éducation nationale a également rejeté les promesses du pouvoir
Mustapha Senhadji