Qui va remplacer Tartag à la tête des services de sécurité ?
Le récent remplacement du général-major Mohamed Bouzit par le général Abdelhamid Bendaoud à la tête de la Direction de la sécurité extérieure (DSE) ne manque pas de poser la question de la nécessaire restructuration des services de sécurité dans cette phase particulièrement sensible où l’Algérie risque de faire face à des opérations de déstabilisation d’envergure. Le fait qu’aucune source officielle n’est venue confirmer les informations qui circulent sur les changements survenus au sommet de l’appareil sécuritaire laissent libre cours à toutes les interrogations et hypothèses.
Pour certains observateurs qui connaissent bien les arcanes du pouvoir algérien, la restructuration des services de sécurité est seulement une question de temps. La Direction des services de sécurité (DSS) dépendante directement de la présidence de la république et confiée à Bachir Tartag ne peut rester telle quelle pour la raison simple que le président Bouteflika n’est plus en état d’exercer ses fonctions depuis un certain temps. Il n’est pas normal que Bachir Tartag obéisse à d’autres personnes que le président Bouteflika ni qu’il n’obéisse à personne. Pire, cette situation anormale risque de laisser libre cours à des interférences étrangères dans le fonctionnement des services de sécurité algériens. La nomination de Bachir Tartag à son poste par le clan Bouteflika, au lendemain du limogeage du général Toufik en 2015, obéissait à un calcul politicien : il s’agissait de s’appuyer sur lui et sur ses réseaux pour faire contre-poids à l’état-major de l’ANP.
L’affaiblissement du clan Bouteflika à la faveur de la contestation populaire actuelle devrait changer la donne au sein du pouvoir. Dans une période aussi sensible, les observateurs insistent sur le fait que les services de sécurité, tous corps confondus, devraient faire preuve d’une grande cohésion et d’une grande solidarité, d’où la nécessité d’opérer le plus rapidement possible de nouveaux réglages qui passent notamment par la nomination de profils plus adaptés à la situation. Sans préjuger des autres facteurs qui pourraient le fragiliser, comme son état de santé ou les pressions exercées sur lui en raison de son passé par exemple, la coordination des services de sécurité, confiée à Bachir Tartag, ne peut plus fonctionner comme auparavant, ne serait-ce que parce que son maître d’oeuvre, à savoir le clan Bouteflika, a perdu toute légitimité et son dernier soutien, la France, ne tardera pas à le lâcher si les choses continuent à évoluer dans le même sens.
Mustapha Senhadji