Les Algériens continuent d’exiger le départ du régime
Pour le septième vendredi consécutif, les Algériens sont descendus massivement dans la rue. Il s’agit des premières grandes manifestations après l’annonce de la démission du président Bouteflika. Le peuple algérien, qui sait pertinemment que ce dernier n’était qu’une marionnette entre les mains de son frère Saïd et de ses autres comparses, exige désormais le départ de tous les symboles du régime. Malgré la mise en résidence surveillée de Saïd Bouteflika et le limogeage de Bachir Tartag, le peuple continue sa mobilisation. Il refuse notamment que la transition soit dirigée par des personnalités qui se sont compromises avec le régime.
Tel est le sens du refus exprimé dans toutes les manifestations des « trois B » : Bensalah (le président du Conseil de la nation qui est censé assurer l’intérim de la présidence), Bélaiz (le président du Conseil constitutionnel qui a refusé d’appliquer l’article 102 de la Constitution) et Bedoui (le nouveau premier ministre et ancien ministre de l’intérieur). Pour les observateurs, cette nouvelle démonstration de force tranquille du peuple algérien pour le septième vendredi consécutif à travers l’ensemble du territoire national montre qu’il est loin de se contenter du départ du clan Bouteflika. Le changement auquel aspire le peuple algérien est autrement plus profond.
Un fait qui continue de frapper l’attention des observateurs : les manifestants continuent de crier des slogans appelant à la fraternisation entre le peuple et l’armée. Le chef d’état-major de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah, est interpelé par les manifestants pour qu’il dégage les représentants du régime, ce qui fait dire aux observateurs que les appels hostiles au chef de l’armée, lancés par le FFS et le RCD, n’ont pas eu l’écho escompté au sein de la jeunesse algérienne. Mieux, à Alger, des manifestants ont appelé Gaïd Salah et Liamine Zeroual à superviser la transition. L’avocat et activiste de la mouvance berbériste, Mokrane Aït Larbi, qui fait partie des jokers sur lesquels compte l’appareil de l’ex-DRS dissous pour se redéployer, a été chassé par les manifestants à Alger. Idem pour Rachid Nekkaz qui a fini par des jets de bouteilles d’eau en plastique après un premier accueil plutôt triomphal ! En revanche, la soeur de Larbi Ben M’hidi, Drifa Hassani, et le fils de Mohamed Boudiaf, ont été chaleureusement accueillis par les jeunes manifestants qui ont pris des photos avec eux.
Mustapha Senhadji