Le FFS appelle l’armée à s’inspirer de l’exemple soudanais
Dans un communiqué signé par son premier secrétaire national Hakim Belahcel et daté datant du 19 août dernier, le Front des forces socialistes (FFS) a appelé les «tenants du pouvoir réel» en Algérie à s’inspirer de «l’exemple soudanais» et ouvrir «un dialogue sérieux» sur une «transition démocratique effective» pour résoudre la crise politique. «L’exemple soudanais devrait inspirer les tenants du pouvoir réel en Algérie et les inciter à ouvrir un dialogue sérieux, inclusif, transparent et sans préalables, pour une transition démocratique effective, et ce, après avoir pris les mesures d’apaisement nécessaires à la réussite d’un tel dialogue, comme la libération des détenus d’opinion et le respect des libertés d’expression, de réunion et de manifestation». Après quasiment huit mois de mobilisation au Soudan, les militaires ont pris le pouvoir et ont décidé par la suite de le partager avec les chefs de file de la contestation. Les deux protagonistes ont signé, samedi dernier, un accord historique en vue d’une transition dirigée par les civils. L’accord conclu début août, à la faveur d’une médiation de l’Ethiopie et de l’Union africaine, a mis fin à près de huit mois d’un mouvement de contestation qui a mené le 11 avril à la chute du président Omar El Béchir, resté 30 ans au pouvoir, avant de se retourner contre le Conseil militaire de transition qui a pris sa succession.
Le FFS donne une curieuse interprétation de ce qui s’est produit au Soudan qui ne correspond guère à la réalité des faits : «Cette mobilisation et ces sacrifices ont réussi à infléchir la junte militaire, qui refusait toute transition et tout transfert du pouvoir aux civils, malgré le soutien de certains gouvernements qui ne souhaitent pas le succès de cette révolution populaire contagieuse pouvant menacer leurs intérêts stratégiques et économiques dans la région», a souligné le doyen des partis de l’opposition. Celui-ci a rendu hommage au «peuple soudanais, à sa classe politique et à sa société civile, pour leur engagement exemplaire dans le combat pour la démocratie et l’Etat de droit avec pour seule arme le dialogue pacifique et la non-violence». «Le FFS conscient des difficultés à réaliser une véritable transition démocratique au Soudan, encourage les acteurs qui ont obtenu cette issue politique à persévérer», a assuré le parti, membres des Forces de l’alternative démocratique. «En cette veille de commémoration du 20 Août, qui marque le primat du politique sur le militaire, le FFS tient à exprimer son fort engagement et sa ferme détermination à accompagner le peuple algérien dans sa lutte pacifique pour l’avènement de la IIe République et l’édification d’un Etat de droit et de liberté», a conclu le communiqué du FFS.
Pour les observateurs, cette prise de position du FFS dévoile la véritable stratégie entriste de ce parti qui répond à l’aspiration de certaines minorités qui cherchent à partager le pouvoir avec ce qu’elles appellent « le pouvoir réel » c’est–à-dire l’armée sans passer par les urnes. Ces minorités idéologiques et politiques coupées du peuple savent qu’elles n’arriveront jamais au pouvoir par le suffrage universel. C’est pourquoi elles font tout pour empêcher l’élection présidentielle et préfèrent parier sur une instance transitoire cooptée dans laquelle elles auraient un quota sans commune mesure avec leur poids réel dans la société. En appelant l’armée algérienne à s’inspirer du modèle soudanais, le FFS feint d’oublier ce qui s’est passé dans ce pays : un coup d’Etat saoudo-émirati avec l’aval américain qui s’est terminé par un compromis boiteux avec des élites politiques opportunistes en vue de fonder une nouvelle république à la botte de l’impérialisme américain et des monarchies réactionnaires du Golfe.
Mohamed Merabet